De l’humanisme et de la nature humaine

Premier article, mais j’espère pas le dernier sur ce thème de l’humanisme, et de la recherche d’une définition de la nature humaine. Car je vais certainement poser plus de questions que je ne trouverai de réponses. Qu’importe. Récemment, nea me disait que tout (ou presque) avait été dit ou écrit sur la nature humaine. C’est probable. Pourtant, c’est sans ambition que je m’attaque à ce sujet, mais sans peur non plus de faire des redites. A la façon de Michel de Montaigne [ça commence, mégalo dès le début de l’article, je me prends pour Montaigne], je vais faire de la philo de rue. Aussi, n’attendez pas de grands concepts, de grandes révélations, ou de grandes théories. Je souhaite juste rappeler quelques fondamentaux, m’appuyer sur quelques expériences scientifiques, et dérouler tout ça de façon cartésienne [voilà Descarte maintenant…] afin de voir où tout ça nous mène.

Préambule : cet article est assez long, et même si je vais m’efforcer d’utiliser du vocabulaire simple, il risque d’être un peu "prise de tête". Aussi, ne commencez sa lecture que lorsque vous aurez un peu de temps et de courage devant vous (c’est peut-être le moment de vous couler un bain). De plus, que les féministes intégristes ne me tirent pas dessus à boulet rouge. Lorsque j’utilise le mot Homme (avec une majuscule), je parle de l’être humain. Autrement dit, les femmes sont des Hommes.

Ceux qui me demandent quelles sont mes qualités ont toutes les chances, au bout d’un moment, de m’entendre dire que je me considère comme un humaniste. Cette réponse devrait-être en soit une évidence. Si chaque mot de cette phrase était pris dans son sens littéral, il devrait s’agir d’une qualité qui ne devrait pas avoir à être soulignée. Placer l’Homme et les valeurs humaines au-dessus de tout, voilà bien un trait de caractère qui devrait être commun à tous les Hommes. Quoi de plus naturel (et calculateur, et légitime) qu’un membre d’une espèce mettant en exergue sa propre espère ? Pourquoi faut-il que certains hommes aient besoin de l’affirmer, de le revendiquer ?

Assurément, c’est peut-être parce que l’expression "valeurs humaines" ne signifie pas "toutes les valeurs partagées par tous les Hommes". Si c’était le cas, tous les Hommes pourraient se targuer de porter des "valeurs humaines", et il serait inutile de s’en vanter. Évidemment, je viens sciemment de faire le candide, juste pour démontrer que cette notion de "valeurs humaines" ne couvre implicitement que les valeurs dont nous sommes fiers, celles qui nous mettent en lumière. Or, à noter que ces qualités dont nous sommes fiers, nous les Hommes, dépend de notre morale, à un instant donné. Une qualité que nous qualifierons d’humaine dans notre société, ne le serait peut être pas dans une autre (et inversement).

Nous allons donc tenter de voir quelle est la nature de l’Homme, quelles sont les qualités qui le caractérisent. Ensuite nous efforcerons nous de savoir s’il est totalement utopique de chercher une définition absolue de l’humanisme, indépendante de toute morale ou de tout contexte social.

Tout aurait été dit sur la nature humaine. Mais arrive-t-on pour autant à un consensus ? Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIème siècle, soutenait la thèse résumée par l’épigraphe "l’homme est un loup pour l’homme" (si la paternité de cette phrase lui est attribuée, l’idée lui est très certainement antérieure). En réponse à quoi Jean-Jacques Rousseau (philosophe du XVIIIème siècle) écrivait "l’homme naît naturellement bon et heureux et, c’est la société qui le corrompt". Qui a raison ? Posons-nous la question autrement. Qui, de mère Teresa ou d’Adolphe Hitler, est le plus représentatif de l’espèce humaine ? Même question avec Frederick Winslow Taylor (papa du taylorisme), Karl Marx (papa du marxisme), John Locke (papa, dit-on, du libéralisme), et Augusto Pinochet (non, ça n’est pas le papa du totalitarisme, mais il me fallait un exemple, et il le vaut bien).

Bref, il existe moult propositions visant à définir la nature humaine, et il sera toujours possible de trouver des exemples d’individus qui répondent à ces définitions. Mais si chacun peut avoir son opinion individuelle sur la question, force est de constater qu’elle ne sera pas partagée par tous. Aussi, pourquoi n’arrivons nous pas à définir de façon consensuelle cette nature humaine ?

Pour apporter un élément de réponse, je voulais vous présenter une expérience réalisée par Didier Desor au laboratoire de biologie comportementale de la faculté de Nancy. En voici le principe expérimental. Six rats sont placés dans une cage. L’unique porte débouche sur une piscine, à l’extrémité de laquelle se trouve un distributeur de nourriture. Il ne s’agit pas d’une mangeoire, qui permettrait à un rat de se sustenter tout en restant dans l’eau, mais bien d’un distributeur, peu pratique, qui oblige le rat à prendre sa nourriture (une croquette), et à la ramener sur la plage pour la manger. A l’origine, cette expérience avait été imaginée pour déterminer les possibilités physiologiques des rongeurs dans l’eau. Et en voici le résultat. Lorsqu’il n’y a pas d’eau, les 6 rats vont se chercher à manger. Mais dès que la piscine se trouve remplie, le premier jour, seuls trois rats traversent le bassin, et mangent à leur faim. Et le lendemain, la faim justifiant les moyen, une hiérarchie s’installe progressivement (et par la violence). Parmi les trois nageurs, un, suffisamment vigoureux, arrive a se dégager, et à manger la nourriture qu’il est allé chercher. Mais deux nageurs, plus faibles, se font subtiliser leurs boulettes. Ils ne pourront manger que lorsqu’ils auront rassasié leurs agresseurs. Sur la berge, si un des trois rats resté au sec est trop chétif pour combattre (il ne se nourrira tant bien que mal de quelques miettes), les deux autres jouent les caïds, et persécuteront les deux nageurs pour avoir leur nourriture à moindre effort. Didier Desor a répété l’expérience une vingtaine de fois, et il obtiendra toujours les mêmes résultats : deux rats exploités, deux rats exploiteurs, un rat autonome, et un souffre-douleur. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est que Desor a eu l’idée de constituer une cage avec 6 rats qui se sont révélés être des exploités dans les expériences précédentes. Une autre avec 6 rats exploiteurs, une autre avec 6 rats autonomes, et une cage avec 6 rats souffre-douleur. Résultat : passé les phases transitoires (plus ou moins longues selon les cas), la même hiérarchie 1/3 exploités, 1/3 exploiteurs, 1/6 autonomes, et 1/6 souffre-douleur s’est instaurée dans les 4 cages ! Pour voir si ces proportions restaient les mêmes en toutes circonstances, Didier Desor a réalisé une expérience avec une cage plus grande, et 200 rats. Résultat : une guerre sanglante. Trois rats décédés (dépecés par leurs congénères) ; dure est la vie chez les souffre-douleur dans les grandes sociétés… De plus, une hiérarchie s’est formée parmi les exploiteurs. Les rats hauts gradés obtenaient leurs nourriture sans se mouiller les pattes en touchant aux nageurs, en persécutant des lieutenants, qui relayaient cette violence sur les exploités.

Je me garderai bien de tirer des conclusions hâtives de cette expérience en ce qui concerne l’Homme. L’Homme n’est déjà peut-être pas un loup (même pour ses congénères), alors un rat… Néanmoins, est-ce si irraisonnable d’imaginer que de telles règles de pourcentages soient gravées dans l’espèce humaine ? Évidemment, l’éthique nous interdit de placer des gens dans des conditions expérimentales équivalentes à celle de l’expérience de Desor [qui vient de dire qu’il le ferait bien avec certaines de ses connaissances ? Je sais déjà dans quel groupe vous mettre 😉]. Mais nous avons peut-être un moyen de contourner cette règle de bonne conduite. Si nous ne pouvons sciemment mettre des Hommes dans une cage, des conditions équivalentes de huit clos se retrouvent peut-être dans certains cas (naufragés, communautés isolées, etc.). Une étude du comportement de ces micro-sociétés devraient nous permettre de révéler de telles proportions naturelles de hiérarchie, si elles existent. C’est un travail que je n’ai pas encore réalisé, mais je sens comment je vais occuper mes vieux jours quand j’aurai un peu de temps…

Quoi qu’il en soit, cette expérience illustre une propriété qui semble commune aux hommes et aux rats : la diversité des caractères. Pas étonnant ainsi qu’on trouve des humains aussi différents que le sont Adolphe Hitler et mère Teresa. Autre propriété éclairée par cette expérience, probablement valable avec les humains. Si quelqu’un a une petite tendance à être un meneur, il s’écrasera probablement face à de vraies terreurs (ce qui n’empêchera pas une ambiance qui sera "électrique") ; mais il sera peut-être reconnu comme chef dans un groupe constitué de personnes plus faibles. Notre aptitude à imposer une autorité dépend du charisme des gens qui sont autour de nous.

Mais alors, si les hommes sont si différents, ces différences sont-elles innées ou acquises ? Actuellement, je n’ai absolument aucune piste pour répondre à cette question. Nos qualités sont elles écrites dans les gènes ou induite par notre éducation/environnement/expérience… peut-être les deux, mais en quelles proportions ? Une chose est sûre, ces qualités ne s’expriment pas en toutes circonstances. Rappelez-vous tout à l’heure, avec nos rats. Tout se passait bien, tant qu’il n’y avait pas d’eau dans la piscine. Tout c’est dégradé lorsqu’il y a eu une pression, un stress (recherche de nourriture en l’occurrence). D’accord, ce sont des rats, pas des Hommes. Aussi vais-je vous présenter une seconde expérience.

Dans la revue nature du 22/11/2007 est présentée une expérience réalisée sur des enfants de 6 à 10 mois. En gros, un petit dessin animé très simple est présenté aux enfants. Un smiley rouge tente de gravir une montagne. Un triangle jaune l’aide, alors qu’un carré bleu lui met des bâtons dans les roues. Le film était présenté plusieurs fois, avec des scénarii différents, mais où chaque personnage jouait le même rôle. In fine, on présente à l’enfant un vrai carré bleu, et un vrai triangle jaune. Dès lors, 100% des bébés de 6 mois ont choisi le triangle jaune, tout comme 88% des bébés de 10 mois. A la naissance, l’Homme encore vierge semble préférer intrinsèquement l’altruiste, le bon Samaritain. Pourtant, parmi ces bébés, il y avait probablement des tyrans en devenir.

Que conclure de cette expérience ? Et bien, que le bébé est immature, qu’il n’est pas encore un Homme. Autrement dit, "on ne naît pas Homme, mais on le devient". Évidemment, cette expérience ne nous dit pas quel pourcentage de l’évolution du stade bébé vers le stade Homme aura pour cause la génétique, et quel pourcentage aura pour cause son environnement. Mais une chose est sûre : l’expression de son individualité, de son caractère propre, dépendra de son environnement. Et ceci est démontré dans une troisième expérience [promis, c’est la dernière, après j’arrête] : l’expérience de Milgram.

Pour la petite histoire, sachez que j’ai personnellement découvert cette expérience dans un très bon film : "I comme Icare", d’Henri Verneuil, avec Yves Montand comme rôle principal. Bref, après les horreurs découvertes durant la seconde guerre mondiale, beaucoup de savants se sont demandés comment des hommes tout à fait normaux, bons pères de famille, qui n’auraient pas pu faire de mal à une mouche en temps normal, pouvaient se retrouver à abattre de sang froid des gens qui ne leur avaient rien fait, ou à commettre des actes encore plus indéfendables, comme ceux rencontrés dans les camps de concentration (qui existent encore aujourd’hui,faut-il le rappeler ; si ça n’est plus en Allemagne, ça sera en Corée du Nord, en Birmanie, ou ailleurs).

Pour tenter de répondre à cette question, le jeune psychologue américain Stanley Milgram fera circuler dans les années 1960 des annonces parmi les étudiants de l’université de Yale. Le chercheur recrutait des cobayes pour une expérience simple, contre une rémunération équivalente à environ une journée de SMIC. Il y a eu plusieurs variantes de ces expériences, mais voici les principaux éléments de son protocole. L’expérience se déroule avec 3 personnages : le savant, qui représente l’autorité (avec la blouse sévère et le ton qui va avec), et deux cobayes. Parmi ces deux cobayes, un sera arbitrairement l’enseignant, et l’autre sera l’élève. Le cobaye qui sera désigné comme étant l’élève sera attaché à une chaise, et sera relié à deux électrodes. Celui qui aura le rôle d’enseignant sera placé à proximité, afin que les deux sujets puissent se très bien se voir et s’entendre. Le pupitre de l’enseignant comporte une série de boutons, qui permettent d’envoyer une décharge électrique à l’élève. Les boutons sont gradués de 15 Volts à 450 Volts, avec un pas de progression de 15 Volts. Avant que l’expérience ne commence, on explique le protocole aux deux cobayes, on leur donne une légère décharge de 45 volts pour que chacun se rende compte des conditions (décharge désagréable mais sans aucune conséquence physiologique), et on leur demande de confirmer s’ils ont bien compris ce qu’on attendait d’eux, et s’ils sont toujours d’accord pour mener l’expérience. Une fois leur accord obtenu, les rôles sont tirés au sort (par exemple en faisant tirer à chacun un papier depuis un chapeau, chacun des deux papiers ayant un rôle différent écrit dessus). Alors commence une période d’apprentissage. L’enseignant doit lire à l’élève une liste de couples de mots (exemple : chat-bleu, orange-carré, papier-plié, etc.), afin que l’élève la retienne. Passé cette période d’apprentissage, vient la période d’évaluation. L’enseignant donne alors un mot de la liste, et l’élève doit donner le mot correspondant qu’il aura appris (exemple : si l’enseignant dit orange, l’élève devra répondre carré). Si la réponse est correcte, l’enseignant passe au mot suivant. Mais en cas de non réponse ou de réponse erronée, l’enseignant appuie sur le bouton qui envoie une décharge. La première erreur donne lieu à une décharge de 15 Volts, la seconde à une décharge de 30 Volts, puis de 45 Volts, etc. L’enseignant doit annoncer la tension qu’il va envoyer avant d’appuyer sur le bouton.

Bon, je tiens à vous rassurer tout de suite : cette expérience était bien évidemment pipée. Les deux papiers situés dans le chapeau indiquaient "enseignant", le cobaye jouant le rôle de l’élève était en fait un acteur, qui simulait la douleur liée aux décharges (aucun courant ne passait dans les électrodes). Pour que l’expérience se déroule toujours dans les mêmes conditions à chaque fois, l’acteur avait le même comportement face aux mêmes tensions (exemple : à partir de 75 Volts, il gémit, à 120 Volts, il se plaint à l’expérimentateur, à 135 Volts : hurlements, à 150 Volts, il supplie qu’on le libère, à 270 Volts : cris violent, à 300 Volts, il annonce qu’il ne répondra plus). Quant au savant, toujours avec comme objectif de présenter toujours les même conditions à chaque expérience, à chaque fois que l’enseignant commence à refuser de poursuivre l’expérience, il répond avec la même série d’ordre : à la première réticence, il lâche un "veuillez continuer s’il vous plaît", puis, à l’hésitation suivante, un "l’expérience exige que vous continuiez", puis "il est absolument indispensable que vous continuiez", et enfin "vous n’avez pas le choix, vous devez continuer". C’est seulement après un refus après ce 4ème ordre que l’expérience s’arrête avant son terme. Sinon, l’expérience se poursuit jusqu’à trois décharges à 450 volts.

Quoi qu’il en soit, et c’est bien ça qui est important : le cobaye, qui se retrouvait forcément enseignant, n’était absolument pas au courant que l’expérience était bidonnée. Il croyait réellement qu’il envoyait une décharge à l’élève. A la fin de l’expérience, on lui faisait remplir un formulaire (pour recueillir ses impressions), et on lui dévoilait le "happy-end" en expliquant la supercherie.

Lors de la première expérience réalisée par Milgram, 100% des 40 cobayes ont accepté le principe de l’expérience, et tous sont allés au moins jusqu’à 135 volts. Mais ce qui est vraiment édifiant, c’est que près des 2/3 (62,5%, soit 25 personnes sur 40) sont allés jusqu’au bout de l’expérience, en infligeant à 3 reprises le choc maximal de 450 Volts ! Cette expérience a été vérifiée par plusieurs équipes de part le monde, qui ont confirmé ces chiffres, voire qui ont obtenu des taux d’obéissance encore plus élevés !

Cette expérience confirme l’hypothèse que j’ai faite précédemment. Si les valeurs humaines s’expriment par un Homme lorsqu’il agit en tant qu’individu, il existe des conditions (en communauté, dans une société, alors qu’il obéit à une autorité qu’il considère comme légitime et juste) où ces valeurs sont inhibées, et où il peut réaliser des actes que normalement, il aurait condamné. Après plusieurs années de recherche, et après avoir essayé des variantes à cette expérience, Milgram a pu définir les raisons préalables à une telle obéissance absolue. Il faut que la personne soit déjà formatée à obéir (par sa famille, par la société dans laquelle il vit, ou par une religion). Il doit avoir appris qu’il existe une autorité, qui est juste et légitime, et qu’il est bon de lui obéir sans réserve (vous aurez compris que ce formatage aura déjà permis, à lui tout seul, d’envoyer pas mal de gens sur le front). Ensuite, il doit inactiver sa conscience, en laissant reposer la totalité des conséquences de ses actes sur la personne à qui il obéit (ça n’est pas moi qui fait, je ne fais que réaliser ce que l’autorité m’a demandé ; au final, on se retrouve dans un monde où plus personne ne se sent responsable de rien). Enfin, l’homme doit tout de même ressentir de l’anxiété, il doit culpabiliser. Il démontre ainsi qu’il ne cautionne pas, en tant qu’individu, ce qu’il fait (preuve que ce qu’il fait est bien imposé par un autre).

Vous devez comprendre qu’on arrivera à VOUS faire faire n’importe quoi, du moment que VOUS aurez accepté le principe qu’un autre vous dicte les règles du jeu (même si vous ne comprenez pas pourquoi il dicte celles-ci, mais cette autorité doit bien avoir une raison, inconnue par vous parce que vous ne savez pas tout, mais logique, légitime et juste avec du recul) ; du moment que vous puissiez penser que vos actes ne sont pas imputables à vous mais au système hiérarchique ; et du moment que vous puissiez être anxieux et culpabiliser pour vous prouver que vous ne l’auriez pas fait de votre propre initiative. Et ce mécanisme est encore amplifié si vous faites partie d’un groupe. Rappelez vous, eu début de l’expérience de Milgram, on vous demande si vous êtes d’accord avec le principe (vous pouvez encore refuser). Mais une fois que vous avez accepté, probablement par fierté, pour rester en cohérence avec votre décision, vous n’osez plus revenir sur cet engagement. Maintenant, si vous n’êtes plus seul à accepter, mais tout un groupe, vous aurez alors une raison supplémentaire de ne plus vous dédire : vous ne voudrez pas être celui qui passe pour un "faux frère qui s’écarte de la décision collégiale prise par le groupe".

En conclusion [ouf, enfin] : avec tout ce travail, nous ne sommes toujours pas arrivés à définir les valeurs humaines fondamentales. Nous avons pu déterminer qu’elles ne s’exprimaient pas (ou qu’elles n’existaient tout simplement pas) à la naissance, que les Hommes pouvaient être très différents (ce qui rend la recherche de points communs ardue). Que malgré ces différences, il n’est pas impossible qu’on puisse déterminer des pourcentages immuables à travers les environnement et à travers le temps, de personnes qui ont telle ou telle qualité (nous avons même vu comment l’étude des situation stressantes en huit-clos pouvait être une piste pour infirmer ou confirmer cette hypothèse). Et que pour complexifier le problème, nous avons vu que ces caractéristiques intrinsèques de l’homme pouvaient être inhibées par la vie en société, si l’individu avait eu la malchance de vivre dans un environnement l’ayant asservi (nous savons maintenant par quels moyens), et qui l’invite à agir sans réfléchir. Nous comprenons maintenant pourquoi tant de philosophes se sont cassés les dents sur le sujet. Ou alors, c’est qu’ils sont restés sur des banalités, qui ne répondent pas vraiment à la problématique.

En effet, pour définir l’homme, nous pouvons nous limiter à son patrimoine génétique, ou à une description physiologique. Maintenant, regardez comment ces définitions se heurtent aux découvertes récentes faites par les paléontologues. De tous les bipèdes ou presque bipèdes, qui sont nos ancêtres ou cousins éloignés, lesquels peuvent être qualifiés d’Homme, et lesquels n’en sont pas ?

Reste aussi les lieux communs de la psychiatrie/psychologie/psychanalyse, qui ne sont pas consensuels non plus : l’Homme a une conscience ("je sais que je sais", "je sais que j’existe", etc.) ? Des expériences récentes démontrent que notamment, les éléphants en ont une aussi. L’Homme est doté d’un langage évolué ? Que sait-on des langages des dauphins ou des singes… L’Homme fabrique des outils ? D’accord, mais certains singes aussi, tout comme certains oiseaux, etc. L’Homme croit aux mondes magiques, à Dieu, eu surnaturel, il sait qu’il va mourir… Ici encore, je ne suis toujours pas convaincu par les arguments de ceux qui m’expliquent que ça n’est pas aussi le cas pour certains animaux. L’Homme est intelligent ? Hummm… discutable aussi : nous parlons d’intelligence en ayant comme étalon l’intelligence de l’Homme. Mais qualitativement, l’intelligence d’autres animaux ne vaut-elle pas la nôtre ? Par exemple, l’intelligence de certains autres animaux, si elle ne leur a pas permis d’aller sur la lune, leur aura tout de même permis d’éviter des guerres, d’éviter de transformer une partie de la planète en poubelle, d’éviter de mettre en place l’esclavage, etc.

Alors, dans ces conditions, face à cette impossibilité de définir proprement l’Homme, et sachant qu’il est capable du meilleur comme du pire, peut-on continuer d’être humaniste ? Pour ma part, ma vision hédoniste me fait répondre oui. Si nous sommes capables de croire qu’il existe une organisation où tous les Hommes pourront exprimer leur individualité avec pour objectif la recherche de leur plaisir, de faire pour que ces plaisirs individuels ne s’opposent pas, mais qu’au contraire, ils participent au plaisir de l’ensemble de la société, sans détruire l’environnement dans lequel il vit (pour que cette société ait une viabilité à long terme), alors oui, nous pouvons être humanistes. Nous nous devons d’être humaniste. A chacun d’imaginer ce modèle, de déconstruire l’actuel système, afin de mettre en place ce monde plus humain. Parce que nos enfants le valent bien…

Courte bibliographie (non exhaustive) :

  • pour en savoir plus sur l’expérience de Didier Desor : Le comportement social des animaux, Didier Desor, Collection "Vies sociales", 1999, ISBN : 2 7061 0809 6 ;
  • sur l’expérience de Milgram : Stanley Milgram, La Soumission à l’autorité, Calmann-Lévy, 1994 (2e éd.), ISBN : 2 7021 0457 6 ;
  • Léviathan, Thomas Hobbes (Broché), Ellipses Marketing, 2001, ISBN-10: 2 7298 0505 2 ;
  • Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, Livre de Poche, 2004, ISBN : 2 2531 9319 4.

Fond
musical :

 

 

Tracy ChapmanTalkin’bout a revolution : Un rapport entre l’article et cette chanson ?


Commentaire

De l’humanisme et de la nature humaine — 16 commentaires

  1. dediou quel exposé…est-ce que tu as lu le manifeste du parti communiste ? personnellement j’ai été emabllé par ce texte, qui nous décrivait un mode idéal où les hommes agissent pour la communuaté, pour le bien de tous y compris d’eux mêmes…. mais c une utopie… et je pense que ce qui differencie l’homme des autres mammifères, c la faculté de faire des choix complexes, et de différencier le bien du mal, notions qui à priori éffleurent assez peu le cerveau des rats^^

    • Non, je n’ai pas lu le manifeste du parti communiste, et à vrai dire, j’imagine assez bien ce qu’il en est (arrête moi si je dis une bêtise). L’idée du communisme consiste à dire que lorsqu’un arbitrage est nécessaire, il faut sacrifier l’individu pour l’intérêt général. La théorie sous-jacente est qu’en faisant progresser le collectif, les individus devraient – en moyenne – avoir des conditions meilleures. Mais partout où ça a été tenté (ce qui est rare dans l’Histoire, beaucoup d’états qui se revendiquaient communistes ne sont que des états totalitaires déguisés), ça n’a pas fonctionné. Car excepté sous la contrainte, une partie des individus finissent toujours naturellement à préférer leur intérêt personnel à celui du collectif. Et comme il suffit d’un ou deux excités pour que le système s’écroule, le communisme ne restera toujours qu’une utopie.

      Pour ce qui est de sa faculté de différencier le bien et le mal… Désolé nea, mais je ne te suis pas du tout. Tout simplement parce que toute vision manichéiste du monde est dépendante d’un contexte social (d’une morale si tu préfères). La notion de bien (comme celle du mal) n’est pas universelle. Ce qui sera bien chez les coupeurs de tête de Bornéo ou chez les sociétés Incas ne l’est pas forcément dans nos sociétés occidentales (et réciproquement). De plus, es-tu sure que nous avons l’exclusivité de cette qualité ? N’existe-t-elle pas chez tous les animaux sociaux (tu parlais des loups, mais regardons aussi chez les insectes, chez les animaux marins…).

      OK, nous ne sommes pas des rats. Mais si je pense que tous les hommes ne sont pas des loups, certains en sont. Si tous ne sont pas altruistes, certains le sont.

      Bon, je suis d’accord avec toi, ma conclusion peu sembler simplette et rapide (il était tard). J’aurai l’occasion de redévelopper cette pensée idéaliste dans le cadre d’autres sujets.

      Mais si chacun des lecteurs qui se perdent ici pouvaient réfléchir 5 minutes à l’expérience de Milgram, de décortiquer et comprendre les mécanismes qui permettent à certains individus d’aliéner les autres dans leur propre intérêt, et surtout, de faire le parallèle entre ces conditions et les décisions prises par nos chefs d’états excités ou des communautés religieuses (et je ne m’arrête pas à la France, ni à notre époque actuelle), je n’aurai pas perdu mon temps.

        • Moi aussi je parlais de philo au BAC; J’ai bel et bien eu 13 de moyenne toute l’année (je crois qu’en moins bonne note, j’ai dû avoir une fois 9, mais je ne suis plus sûr). Et j’ai bien eu 02/20 au BAC, avec un sujet sur l’épistémologie (un classique en BAC scientifique). J’ai eu l’occasion de discuter avec le correcteur par la suite : je confirme, tous les profs de philo ne se valent pas… Je ne suis pas sûr que j’aurais aimé la philo avec lui.

          Quant à « la morale est-elle une convention sociale ? »… En effet, il est bien ce sujet. Et alors, t’avais eu combien, tu te rappelles ?

          • Quand j’ai ouvert les notes du bac, j’ai vu 14, mais c’était après multiplication pas le coefficient 2 ; donc 7.
            Moins bonne note de l’année (comme toi), et moins bonne note du bac…
            Mais 18 ans, c’est jeune pour faire de la philo

  2. Et sinon, aussi « de l’influence de la culture sur la définition de la nature humaine … » ; encore que la notion de culture peut aussi exister chez les animaux (en tout cas chez certains singes : transmission de la fabrication de certains outils, transmission du langage des signes (la guenon Washoe à qui on avait enseigné des morceaux du langage des signes en a transmis à ses enfants …)
    Belle synthèse.
    Rappelle-moi : t’as eu combien au bac en philo ? 😉

    • Heuuu… 2/20 ? Bon, d’accord, je sors —> []
      Ah ben tien, « de l’influence de la culture sur la définition de la nature humaine  » : c’est justement ce que je viens de donner comme argument à dame nea. Merci Fab 😉

      Vous êtes des lecteurs bien matinaux… Alors, bonne journée 😉

  3. en fait g tendance à refuser que le bien et le mal soit des ntions relatives…. curieusement, je pense que les 10 commandements, pour fondateurs de religions intolérantes et criminelles qu’ils soient, donnent un bon socle à ce qu’est le bien… tu cites des coutumes criminelles pour illustrer le fait que tout dépend du contexte, moi je pense que la vie humaine est précieuse, quelque soit le contexte, et que tout relativiser permet justement ce que l’experience de milgram prouve, à savoir qu’on peut toujours trouver des excuses… il y a des choses sur lesquelles il ne faut pas transiger, et je crois que c ça etre humaniste^^

    • Les coutumes que je cite sont criminelles pour toi, pour moi, mais assurément pas pour les membres de ces sociétés. Les 10 commandements te semblent *à toi* représenter le bien. Et si je suis d’accord pour ce qui est de l’importance absolue de la vie, il y a d’autres commandements que je trouvent plus discutables. Par exemple, pour ma part, j’ai fondé (enfin, pas tout seul) un foyer tout ce qu’il y a des plus classique, avec ma moitié, un toit, des enfants, une vie pépère bien réglée qui ne laisse de place pour rien d’autre. Et pour autant, quand je lis la pharase « tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin », je souris. La monogamie est-elle inscrite dans le marbre, dans les gènes de l’espèce humaine, au point de ne pouvoir la remettre en cause ? A voir toutes ces « infidélités » de tout temps et de toutes civilisations, je ne suis toujours pas convaincu du fait que cette règle soit à graver dans le marbre.

      Inversement, je n’ai vu nulle part, dans tes 10 commandements, le fait qu’il doit être interdit de « posséder » (dans tous les sens du terme) un être humain. Et pourtant, ça aurait changé bien des choses les relations dans le couple à travers le temps. Ca aurait évité bien des aliénations. Nous ne serions peut-être pas dans un monde ou 10% de nantis vivent (grassement) au détriment des autres.

      Pourtant, je ne dirai jamais que j’ai plus ou moins raison que toi. Mes 10 commandements à moi (sont-ils 10 d’ailleurs, il faudrait que je les compte) ne sont pas les mêmes que les tiens. Comme quoi, on peu parler de choses universalisables, mais pas toujours universelles…

      Quand à l’expérience de Milgram, elle ne démontre pas qu’on trouve des excuses à tout. Individuellement, chacun pourra dire que ça n’est pas lui, que c’est l’autre qui lui a demandé (imposé) de faire. Pour moi, ça n’excuse rien. Et en plus, les commanditaires, eux, n’ont pas d’excuse (car il y a toujours quelqu’un – ou quelques uns – en haut de la pyramide).

  4. Salut le Manu
    Merci pour la passionnante lecture, lecture que j’ai faite dans le train ….
    Réponse sur les rats. En effet, les rats en situation extrème peuvent se montrer féroces. C’est vrai.
    Mais,
    Mais ne jamais oublier les autres millions d’espèces d’animaux qui peuvent agir dans le cadre de la solidarité, construction en groupe, d’entre-aide, etc. On ne le répètera jamais assez : le monde vivant n’existerait pas sans la solidarité, qui a commencé, il y a fort fort longtemps par une réaction biochimique : réation osmotique.
    C’est vrai, l’Homme a tendance à être faciné par la violence, alors il a son regard souvent tourné vers elle. Mais l’amour, la tendresse, la douceur existe aussi chez les espèces animales.

    Réponse sur l’expérience de Milgram, que j’ai moi aussi découverte à travers le film que tu as cité.
    Oui, nous, les parents, conditionnons nos enfants à obéïr. As-tu déjà vu un sauvageon sortir de sa campagne sans passer par l’école maternelle arriver en CP?
    Une catastrophe, un puit de souffrance, un paquet de violence.
    Les humains ont construit une société archi méga compliquée, avec des hiérarchies reconnues, sous-entendues, tacites, etc. avec des lois de groupes complexes, avec des contraintes, comme le monde du travail, impitoyables.
    Alors que serai un Homme sans savir obéïr un minimum.
    L’expérince de Milgram est perverce. Elle utilise une nécéssité pour survivre en groupe pour démontrer une espèce de forme de bètise de l’Homme.
    Oui, il faut avoir un sens critique. Oui, je le favorise chez mon fils. Avec des limites : je lui demande par exemple d’obéïr aux profs !

    Réponse sur l’expérience du smiley rouge :
    Elle m’a émue. Elle me donne de l’espoir.
    Elle me fait penser que la société que nous construisons est trop dure et aliéne l’Humain, le pervertit.

    Réponse tout court :
    Je crois que l’humanisme n’a de sens que dans le cadre de l’universalité. Chaque individu est relié au Tout ou à tous les autres individus. Nous formons collectivement une espèce biologique vivante, intelligente, un peu trop compliquée,mais bon.
    L’humainsme, je le vois plus comme une prise de conscience de ce que peut être l’espèce humaine. Pas chaque individu, avec ses prouesses et ses médiocrités.

    Voili-voilà.

    V.

    • Bonsoir Virginie,

      Merci pour ton compliment, et pour ton commentaire Virginie.

      Pour ce qui est des rats : en fait, je n’ai pas utilisé cet exemple pour démontrer leur violence (je suis sûr qu’il existe des rats charmants). Ce qu’il est important de retenir, c’est 1) la diversité des individus dans une espèce donnée, et 2) que chez les rats – et je pense aussi chez les humains, mais je ne peux pas [encore] le démontrer -, les proportions d’individus ayant chaque caractère semble immuable.

      Concernant l’expérience de Milgram, la conclusion n’est pas qu’il faut supprimer toute forme d’obéissance (même si mon coté anar libertaire pourrait le faire croire). Ce que je dis, c’est que si l’obéissance est obligatoire, celle-ci doit être volontaire, réfléchie, comprise. Il ne faut pas obéir aveuglément (obéir aux voies impénétrables peut être criminel). Quand ton fils obéit aux prof, il ne lui obéit pas aveuglément. Il ne fait pas ce que sa conscience lui interdirait de faire. Autrement dit, il comprend et accepte le pourquoi il lui obéit.

      Pour les smileys, moi aussi ça m’aide à garder espoir.

      Quant à l’humanisme… L’universalité est une chose que j’ai encore assez de mal à définir. Aussi, je ne peux encore dire s’il faut baser l’humanisme la dessus. Mais tu as raison : ça ne sont pas les individus qu’il faut louer. Mais bien l’espèce…

      BiZ, bonne nuit et à bientôt (ici, sur MSN ou ailleurs…).

  5. Quand j’ai vu comportementalisme et rats de laboratoire, j’ai frémi ! Mais finalement, j’aime bien ton questionnement 😉

    Dire que l’Homme est un loup pour l’Homme est une insulte faite aux loups, les loups ne se tuent pas froidement entre eux, ils ne tuent pas par plaisir.

    L’Homme est un être de langage, a conscience de la mort, croie en Dieu… Certes, les animaux ont eux aussi un langage, qu’il soit sonore ou gestuel, mais ils n’ont pas accès à l’abstraction, au mystique, à la conscience lointaine de la mort (aucun animal n’a de culte de la mort, de l’enterrement au recueillement).
    (A voir et à revoir le passage sur la conscience de la mort et la naissance des croyances dans le documentaire « L’odyssée de l’espèce »)

    Pour la psychanalyse (je ne parle pas de psychologie ou de psychiatrie qui ne sont pas mes domaines de prédilection), pour la psychanalyse donc, l’Homme n’a pas une conscience mais un inconscient. Ce qui fait dire à Lacan, qui rebondit sur la phrase de Pascal : « je pense où je ne suis pas »

    L’Homme ne se construit pas sur l’amour mais sur la haine (ce qui rejoint assez l’histoire du petit film et la phrase « on ne nait pas Homme on le devient »), sur l’envie de posséder ce que l’autre possède, de le dominer (que ce soit lors d’une course à pied ou dans la richesse) de lui imposer sa puissance. Mais s’il a la possibilité d’aliéner ou de se laisser aliéner par l’autre, il a aussi la capacité de ne pas aliener l’autre et de ne pas lui succomber.

    Finalement, dans ta conclusion, tu réponds plutôt bien à ta question : l’humaniste est celui qui est capable d’imaginer le bien de ses prochains… reste à savoir s’il est capable d’agir. L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions…

    PS : Et la Femme dans tout ça ? 🙂

    • Bonjour et bienvenue ici Madison. Désolé pour ma réponse tardive, mais habituellement, j’ai un cafteur qui me prévient par e-mail quand un commentaire est posté, et assurément, là, ça n’a pas marché.

      Je vais commencer par répondre à ta dernière question : comme je l’ai dit en introduction, pour moi, la Femme est un Homme. Humanistement parlant (ouaou, il est lourd ce néologisme, j’en conviens), je ne fais pas de différence homme/femme. Excepté que la femme porte l’enfant pendant 9 mois, et éventuellement, l’allaite quelques mois par la suite, pour le reste, hommes et femmes doivent être strictement égaux.

      Les loups ne se tuent pas par plaisir ? A priori, exact. Mais ils s’entretuent pour une place dans la société. Quand un loup beta veut devenir un loup alpha, ça passe souvent par les armes (pardon, par les cros). Seule différence : l’homme est suffisamment malin pour ne pas toujours se battre lui même. Il lève des armées qui font ça pour lui. Mais les ambitions sont les mêmes (le pouvoir…).

      Les animaux n’ont pas notre « niveau d’abstraction » ? (ce que j’ai appelé « de modélisation »). A nouveau tout à fait exact. Ben oui, quand même, il faut bien qu’on soit un peu supérieur en quelque chose par rapport aux autres espèces, pour qu’une cause humaniste soit défendable 😉 La difficulté, en l’occurrence, c’est de mesurer cette supériorité que nous avons par rapport à chaque espèce animale.

      Effectivement, l’homme a un inconscient. Mais il n’a pas l’exclusivité de ça. Au contraire ! Je pense que tous les animaux ont un inconscient. Ce qu’on appelle leur « instinct animal ». Notre inconscient est d’ailleurs souvent décrit pas les psychanalyste comme nos instincts primaires refoulés. En fait, les animaux évolués que nous sommes sont conscient qu’ils ont un inconscient. C’est ça qui fait la différence… Non ?

      Ta réflexion suivante (« L’Homme ne se construit pas sur l’amour mais sur la haine ») est celle de quelqu’un qui semble bien désabusée… J’ai une vision plus optimiste : il se construit sur l’amour ET sur la haine. Et encore, je dois être une exception, je hais finalement très peu de gens. A mon avis, plus on apprend à connaître les gens, moins on les hait (et peut-être, moins on les aime aussi).

      Ensuite, je suis d’accord en partie avec ton discours sur la servitude volontaire (mince, oui, tu as raison, j’ai oublié de citer ce génial Etienne de la Boetie). On accepte de se laisser aliéner (ou pas). Mais ça, c’est quand on est adulte et réfléchi. Mais si un formatage a lieu depuis la prime enfance, j’ai peur que le choix n’existe plus. Tous les environnements ne sont pas propices transformer les enfants en individus réfléchis, responsables, et capables de discernement.

      Quand à savoir si l’humaniste saura tout d’abord capable d’imaginer le bien de ses prochains, et ensuite, d’agir en conséquence… Voilà bien LA question. Je crois (et je rejoins ton coté désabusé) qu’il en est de son avenir. Ou il y arrivera, ou l’espèce s’éteindra. Dans ce dernier cas, je ne verserai pas une larme. Nous aurons mérité notre sort…

      Quoi qu’il en soit, merci 1000 fois pour tous les commentaires laissés ici. En effet, comme je l’ai dit, ce billet est une photo de ce que je pense à un instant T. Vos remarques me font cogiter, évoluer. J’espère bien y faire un jour des amendements, des compléments, ou le réécrire. Car si j’ai bien une certitude, c’est que sur ce genre de sujet, je sais qu’on ne sait jamais…

      • Ma dernière question était une blague (psychanalytique 😀 )

        Si tu lis mon blog, tu verras qu’il n’y a rien de désabusé chez moi. J’ai juste une vision du monde passé justement au filtre de l’expérience psychanalytique.

        Je ne vais pas reprendre point par point tes réponses mais juste deux choses :
        – l’inconscient n’est pas instinct (même si au départ, je te le concède, l’Homme est un animal). Il se forme et se construit progressivement.
        – quand je dis que l’homme se construit sur la haine, je ne parle des cas particuliers mais en général. Il n’y a qu’à parcourir l’histoire et notre époque en particulier pour voir que l’Homme n’apprend pas de ses erreurs et continue dans la haine, la guerre, l’asservissement de l’autre,..
        Un espoir : ce sont souvent dans des moments de crise que l’Homme est le plus créatif. J’ai confiance en l’Humanité 😉

        • J’avais bien vu que ta dernière question était une blague. Mais quoi que… quand on voit la condition féminine à travers les âges, je pense que les XX ont probablement bien plus à revendiquer que les XY… Mais bon, je ne vais pas sortir le fouet pour me faire battre 😉

          Je vais lire ton blog (j’y suis déjà passé). Mais je pense que pour comprendre un blog, il faut y passer du temps, s’imprégner de l’auteur. Or, je n’ai eu trop le temps cette semaine…

          Pour les deux points que tu as ajoutés ci-dessus :
          – concernant le distingo que tu fais entre l’instinct et l’inconscient, là, assurément, j’ai encore à apprendre. Car voici ce que je pense aujourd’hui. On est un tout. Parmi ce tout, il y a au moins deux composantes : le conscient et l’inconscient. Par définition, nous ne connaissons que le conscient (l’inconscient étant refoulé). Aussi, je veux bien que notre inconscient se construise progressivement. Mais alors, il est justement en mouvance parce que notre conscient évolue. Une parabole pour essayer d’illustrer ce que j’ai en tête : un verre contient du liquide. Si on met plus ou moins de liquide (le conscient), ou s’il change de couleur, la partie vide (l’inconscient) va changer. En volume, ou les réflexions sur les parois seront différentes. Mais ça n’est pas l’inverse. Ca n’est pas la partie vide du verre qui fait changer le liquide. Autrement dit, c’est l’évolution de notre conscience, c’est à dire ce que nous pensons tout les jours, qui change l’inconscient. Je dis ça, je ne suis vraiment pas spécialiste, c’est pour ça que je dis que j’ai certainement encore pas mal à apprendre…
          – ah, je comprends mieux ta deuxième remarque : il ne se construit pas sur la haine, mais dans la haine. Il ne s’appuie pas dessus comme base pour évoluer, mais il reste dedans, sans chercher à en sortir… là, je suis [malheureusement] assez d’accord avec toi, même si, comme toi, j’essaie de garder la fois… 😉

          Merci pour ces précisions, et au plaisir d’en lire à nouveau.

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