Comment j’ai tué Jésus

Encore un nouvel article de fond, quelque chose de long, très long… Comme d’habitude, si vous n’avez pas le temps, revenez plus tard… Ensuite, je tiens à préciser que ce billet n’est pas un pamphlet contre dieu, ou contre les croyants. Non, il s’agit d’un travail dont la seule ambition est de démontrer que ce qui nous est présenté comme étant une vérité historique – en l’occurrence, la naissance de Jésus telle qu’elle vous aura été racontée – ne tient pas la route devant une analyse rigoureuse d’historien.

Pour autant, je ne suis pas moi-même historien. C’est modestement que je vais synthétiser le travail de certains historiens ou philosophes, cités dans la bibliographie. Enfin, notez que ma démonstration s’attaque à la religion catholique. Je pense que le même travail de déconstruction est possible avec les autres religions relevant du christianisme, et, certainement, avec toutes les autres religions.

Le contexte. A l’époque présumée de la vie de Jésus, deux facteurs rendent difficile tout travail d’historien.

Tout d’abord, beaucoup d’écrits ont été rédigés sur du papyrus, et/ou sur des codex. Or, si ces supports se conservent relativement bien dans les régions sèches, ils sont détruits très vite sous nos latitudes humides (l’encre se dilue et se propage dans les fibres). Aussi, la plupart des textes qui sont arrivés jusqu’à nous ont été recopiés (sur des parchemins dans un premier temps), voire traduits par… des moines copistes. Ce travail des moines copistes pose divers problèmes. Tout d’abord, devant la quantité de textes à recopier, les moines ont dû faire un choix. Quels critères ont-ils utilisé pour faire ce choix de recopier telle oeuvre plutôt que telle autre ? Combien de textes fondamentaux ont étés perdus ainsi, car rédigés sur des supports fragiles et non recopiés ? Ensuite, il faut reconnaître que ce travail de recopiage ne se faisait pas sans erreurs. Des erreurs parfois faites de toute bonne fois, en recopiant (avouons que les livres d’origine étaient souvent surchargés et/ou annotés), ou en traduisant. Mais certains moines zélés n’hésitaient pas non plus à effectuer « quelques corrections » quand le texte qu’ils avaient sous les yeux ne correspondait pas à leur vérité. Enfin, combien de livres ont été perdus à travers les siècles, oubliés, brûlés sciemment ou lors d’incendies, noyés… Résultat : contre toute idée reçue, il ne nous est parvenu aucun écrit relatant la vie de Jésus qui aurait été rédigé durant sa supposé vie !

Le texte le plus ancien le concernant est extrait de l’évangile de Marc, et daterait des années 60 après JC (soit plus de 30 ans après la mort de ce dernier !). Pourtant, même cette datation pose problème. Le fragment d’un papyrus sur lequel pourrait être écrit (en grec) l’évangile de Marc a été retrouvé dans la grotte n°7 de Qumran, grotte emmurée en +68 après JC. Or, certains historiens utilisent le contenu du texte pour le dater à +70 après JC (la façon dont sont rédigées certaines parties de cet évangile démontreraient que Marc a écrit son texte après la destruction du Temple de Jérusalem). Bref, quoi qu’il en soit, qu’il est été écrit dans les années +60 après JC, ou dans les années +70, le plus ancien texte relatant la vie de Jésus lui est postérieur de plus de 30 ans ! Et, ce qui est encore plus gênant pour parler de texte historique, est qu’aucun des écrivains ne l’a connu (Marc était un disciple de Paul de Tarse – nous reviendrons sur ce personnage –, et n’a jamais connu Jésus). Pour information, sachez que les évangiles de Luc et de Matthieu (qui n’ont pas connu Jésus non plus) sont datés des environs de l’année 85, et l’évangile le plus récent, celui de Jean, est daté de la période 90 ou 95 après JC. D’ailleurs, il est communément admis (lire entre autre « La Vie de Jésus » d’Ernest Renan) que les évangiles « selon Luc », « selon Matthieu », etc., n’ont pas été écrits par Luc ou Mathieu eux-même. Sans entrer dans les détails, sachez qu’il existait bien plus de 4 évangiles (ceux retenus dans le nouveau testament, appelés « évangiles canoniques », parmi lesquels on distingue les 3 « évangiles synoptiques » de Matthieu, Marc, Luc, appelés ainsi car ils sont « relativement cohérents » – même s’ils ne racontent pas toujours la même chose –, de l’évangile de Jean – jugé trop symbolique et trop éloigné des autres pour être qualifié de synoptique–). Les autres évangiles (appelés « évangiles apocryphes ») n’ont pas étés retenus par les pères de l’église, parce que racontant les événements de façon trop éloignés des 4 canoniques, ou parce qu’ils montrent Jésus sous un angle « peu chrétien ». Pour éviter d’alourdir ce billet, je n’entrerai pas dans les détails concernant les pères de l’église, et sur les critères de choix qui ont amené à ne retenir que ces 4 évangiles canoniques.

Pour autant, inversement, parmi tous les textes retrouvés datant de la supposé période de vie de Jésus, aucun ne fait référence à celui-ci ! Si le personnage a marqué l’Histoire, il n’a assurément pas marqué ses contemporains…

Le second facteur contextuel qui rend difficile une étude historique de la vie de Jésus est que l’époque supposée de sa vie était une époque millénariste. Il était dans « l’air du temps » qu’un messie vienne annoncer la fin du monde. L’histoire n’a retenu qu’un Jésus, mais combien étaient-ils ? Combien de personnes, plus ou moins sincères, se sont présentées comme étant un messie, comme envoyé de Dieu, pour prêcher la bonne parole? Pour annoncer l’apocalypse, la fin du monde, enfin, la fin d’un monde ? Des dizaines sans doute… Rappelons, pour ceux qui ne le savaient pas, que Jésus était un juif, et que ces derniers vivaient sous l’occupation romaine ; le mot « occupation » doit vous aider à comprendre pourquoi les juifs étaient plutôt impatients de voir le monde qu’ils avaient sous les yeux se terminer. Et n’allez-pas imaginer que notre Jésus (celui que l’Histoire n’a pas oublié) était l’unique messie, le vrai, sous prétexte qu’il avait pu faire quelques actions magiques, effectué quelques miracles… Là aussi, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Par exemple, dans le livre « Vies, opinions, et sentences des philosophes illustres », Diogène Laërce raconte comment Platon était né d’une mère vierge (et Apollon aurait alors joué le rôle de l’ange Gabriel, venu annoncé à la mère vierge qu’elle va enfanter). Comment Empédocle redonne la vie aux morts, à la façon dont Jésus a ressuscité Lazare. Comment Anaxagore prédit la chute de météores. Nous pourrions multiplier les exemples à l’envie, tant l’époque était fertile en personnes capable de faire croire que les vessies pouvaient être des lanternes.

Massacre de Saint Etienne Paul de Tarse. Alors, Jésus n’aurait pas existé ? Manifestement, vu le nombre de témoignages recueillis (même s’ils sont tous indirects), si. D’ailleurs, un personnage clé dans la christianisation du monde, Paul de Tarse, a persécuté les premiers chrétiens dès sa prime jeunesse. Aussi, s’il y avait « chétiens » dans les années 30 après JC, c’est qu’il y a probablement eu un Jésus auparavant. Maintenant, si vous avez bien lu les précédents paragraphes, vous aurez compris que le Jésus vénéré par les premiers chrétiens n’avait probablement pas grand chose à voir avec celui décrit dans le nouveau testament. De plus, il existait certainement d’autres sectes que les chrétiens, reprenant les mêmes idées millénaristes, sectes qui auront été oubliées par l’Histoire.

Difficile de parler de l’évangélisation chrétienne sans parler de Paul de Tarse, dit Saint Paul. Né aux alentours de +8 ou +10 après JC (il s’appelait initialement Saül de Tarse), il était, durant ses premières années, ce qu’on pourrait appeler un intégriste du judaïsme (tout en étant citoyen romain, ce qui semble ne gêner personne ; mais ne dit-on pas que les romains étaient alors tolérants en matière de croyance ?). Tout d’abord anti-chrétien au début de sa vie, il aurait participé à quelques bastonnades à leur encontre, comme la lapidation du premier martyre : Saint Etienne.

Paul de Tarse Mais un jour, aux alentours de +34 après JC, sur le chemin de Damas, il tombe de sa hauteur. Il est aveuglé par une lumière violente – il restera aveugle sans pouvoir manger ni boire pendant 3 jours –, et il entendra la voix de Jésus. Il sera « sauvé » par un chrétien (Ananie), qui lui aura fait une imposition des mains. Dès lors, il se convertit au christianisme, se fera baptiser, et décidera de parcourir le bassin méditerranéen afin de convertir un maximum de gens au christianisme (il fera plusieurs voyages entre + 45 et +58 après JC).

Je vous invite à écouter le deuxième cours de l’université populaire de Caen de Michel Onfray. Ce philosophe s’est pris au jeu de regarder la vie et les actions de St Paul sous l’angle de la psychiatrie. On imagine très bien ce petit homme, excentrique, narcissique, mégalomane (il faut l’être un peu pour dire que Dieu prend la peine de nous parler), raconter de belles légendes (le mot n’est pas trop fort) pour expliquer sa vision de l’histoire de Jésus. Les histoires qu’il racontent sont d’ailleurs assez éloignées des premiers évangiles (qui étaient eux même certainement éloignés de la réalité).

Constantin Premier. Malgré la « réussite » de l’évangélisation chrétienne de Paul de Tarse, la religion chrétienne serait certainement restée une religion parmi d’autres, sans l’intervention de l’empereur Constantin. Né en +274 après JC, sacré empereur en +306 après JC, il partage le pouvoir avec 3 autres empereurs (le pouvoir romain, en pleine dislocation, apparaissait comme une tétrarchie, comprenant ainsi deux Augustes : Galère et Sévère, et deux Césars : Maximin Daïa et Constantin). Vous l’aurez compris, Constantin, certainement comme ses co-empereurs, ne rêvait que d’une chose : concentrer à nouveau le pouvoir dans une seule main, et si possible, la sienne.

Or, en +312 après JC, Constantin est à la veille de mener une bataille contre Maxence au pont Milvius. Bien qu’étant plutôt païen (l’empereur était plutôt du genre à croire en Mithra – le dieu du soleil perse – qu’en Jésus), il vit dans le ciel un signe assez singulier (que ses soldats virent aussi). Son conseiller, Eusèbe de Césarée (un évêque chrétien, comme par hasard), traduit ce signe comme indiquant une victoire pour Constentin, sous réserve que ce dernier se réclame de ce signe (étrangement, Eusèbe voit ce signe comme le trophée d’une croix de lumière au dessus du soleil, et indique que c’est un symbole chrétien). Et ça marche : Jésus apparaît à Constentin durant la nuit précédent la bataille, et le lendemain, Constantin bat Maxence. Constentin est alors maître de l’Italie, et il dissout la garde prétorienne. C’est alors que, petit à petit, Constentin va imposer le christianisme comme religion d’état. Le christianisme apporte une légitimité au pouvoir de Constantin (c’est Dieu qui lui a parlé, et qui l’a mis à la tête de l’état pour mener le peuple sur le bon chemin – naissance du pouvoir de droit divin –), il rend légitime la misère, l’injustice (s’il y a des gens malheureux, c’est Dieu qui l’a voulu, et les voies du seigneur sont impénétrables ; souffrez ici sur terre, payez vos impôts, travaillez dur pour rien, vous en serez remercié en allant au paradis). En échange, Contantin donne des palais aux chrétiens (enfin, au clergé, les petits prêtres n’en profiteront pas), fait construire des églises, institue des lois en faveur des chrétiens (en interdisant le concubinage, en rendant difficile le divorce, en transformant la prostitution en délit, en autorisant l’héritage aux célibataires – les prêtres pourront alors hériter, ce qui était impossible avant –, en défiscalisant les propriétés foncières ecclésiastiques, en interdisant la magie et les combats de gladiateurs – comme si aujourd’hui on interdisait le foot et le tiercé –, etc.).

Concile de Nicee Ce mécanisme de coup d’état utilisant une religion va être à son apogée en +325 après JC, lors du concile de Nicée. En effet, l’empereur va découvrir que les pratiques chrétiennes ne sont pas uniques. De façon locale, chacun y va de sa petite croyance sur Jésus, sur sa façon d’être pratiquant, sur la définition de ce qu’est un bon chrétien. Pire, certains évêques commencent à se chamailler sur des sujets certainement essentiels pour la religion chrétienne. Par exemple, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la trinité. En effet, comment, dans une religion monothéiste (un seul dieu), peut-on avoir dieu, Jésus (le fils de dieu), le saint esprit… Si Jésus est le fils de dieu, il n’est pas dieu lui-même. Ou alors, le père et le fils sont deux dieux, ce qui est impossible dans une religion monothéiste. De plus, le père viendrait avant le fils, etc. Vous voyez le genre de querelle. Constantin, ayant souvenir de la tétrarchie, comprend très vite qu’il faut unifier toutes ces pratiques et toutes ces croyances, et mettre fin aux querelles. Après avoir « fait pression » sur les membres du clergé (les corps de certains évêques et de certains prêtres ont été marqués à vie par ces « pressions », si vous voyez ce que je veux dire ; l’inquisition n’aura rien inventé dans le domaine de la « question »), et, à quelques rares exceptions près (qui seront « expulsées » du clergé), Constantin arrive à mettre tout le monde d’accord sur les questions chrétiennes. Pour sceller cet accord, il réunit un Concile à Nicée, où il fera signer plusieurs textes (sur la trinité, sur la prédominance hiérarchique des églises de Rome et d’Antioche en ce qui concerne le règlement chrétien, sur la création de la « confession de foi », etc.). Le pape est absent (les baveux diraient de nos jours « pour raison de santé »). Ceci n’empêchera pas à Constantin d’être nommé « le 13ème apôtre », lui donnant ainsi les pleins pouvoirs.

Conclusion. A nouveau, je prends la précaution de rappeler que mon propos ici n’est pas de dire que dieu n’existe pas. Ni de dire qu’il n’y en a qu’un ou plusieurs. Ni même de dire que Jésus n’a pas existé. Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas spécialiste du sujet (j’en connais, qui me liront certainement ; qu’ils n’hésitent pas à me corriger). Mais j’espère vous avoir démontré que le Jésus conceptuel, auquel on demande aux catholiques de croire aujourd’hui, est certainement assez éloigné de celui qui a peut-être existé. Mais surtout, je voulais vous montrer comment, partant d’une petit secte millénariste ne contenant que quelques dizaines ou quelques centaines de fidèles tout au plus, vouant un culte à un personnage que vous caseriez certainement aujourd’hui à coté de Raël (père de la secte des raëlliens) ou de Ron Hubbard (père de la secte de scientologie), grâce à un petit hystérique converti ayant décidé de raconter son histoire dans le bassin méditerranéen, un empereur avide de puissance a pu asseoir un régime totalitaire, en créant un partenariat « win-win » avec un pouvoir religieux, lui donnant des biens et des lois liberticides et moralisatrices, et en obtenant en échange les plein pouvoirs. Je vous invite à réfléchir sur la façon dont ce partenariat à marqué la « bonne morale » des 20 siècles qui ont suivi. En particulier, concernant la position de la femme dans la société (qui commence seulement à s’en remettre), la condition des petites gens, aliénés pour obéir et offrir leur vie, en échange de la promesse d’une vie meilleure dans l’au-delà…

Quand vous aurez fini ce travail, je vous invite à regarder les mécanismes utilisés dans nos sociétés dites « modernes », où l’église et le pouvoir sont séparés depuis plus d’un siècle, pour arriver aux mêmes fins (les pleins pouvoirs). Je vous ai montré, il y a 20 siècles, à qui étaient offerts les cadeaux fiscaux. Qu’elles étaient les grandes lignes imposées de l’ordre moral. Et qui mettait en place la personne à la tête de l’état, rendant légitime ses actions. Je vous en prie, cherchez bien. Vous comprendrez alors que se débarrasser d’une arme qui permet à une personne (ou à un groupe de personnes) d’accéder aux pleins pouvoirs n’est pas la solution pour empêcher à des gens, peut-être pas les mêmes, de désirer et de tout faire pour détenir les rênes d’un état.

Bibliographie. Comme je l’ai dit, ce billet n’est qu’un travail de synthèse, et je ne revendique aucunement la paternité des thèses évoquées (même si je les soutiens). Ce travail m’a été inspiré lors de l’écoute des cours deuxième année de Michel Onfray à l’université populaire de Caen, puis en lisant certains ouvrages listés ci-dessous. Certaines références étant anciennes, elles sont tombées dans le domaine public. Il est possible de les télécharger gratuitement sur Internet (bande de veinards) :

Fond
musical :

 

 

CacciniAve Maria : Interprété par Lesley Garret


Commentaire

Comment j’ai tué Jésus — 6 commentaires

  1. J’ajouterai deux points à ta longue production

    Les textes qui nous sont parvenus ont été écrits d’abord enlangue locale : l’araméen ou l’hébreu. Ils ont été traduits en grec avant la diffusion de ces textes.
    Pour cela deux hommes : un assis qui écrit en grec, l’autre debout qui lit en hébreux. Traduction litérale . Quand on lit les textes en grec, on retrouve en filigramme, la structure grammaticale hébraïque. Je te laisse imaginer la qualité de la traduction ….

    Deuxième point : lis les cahiers de sciences et vie , les racines du monde n°92 avril 2006″six héros grecs »
    tu comprendra vite les sources d’inspiration de la mythologie de Jésus.

    merci pour ton analyse 🙂
    Bonne journée
    V.


    Posté anonymement par virginie (site web)
    • En effet, une majorité des textes retrouvés étaient des textes traduits, dont on peut douter de la qualité de la traduction.
      Quant aux cahiers de sciences et vie, je crois que leur source est justement le livre de Diogène Laërce. C’est grâce à son oeuvre qu’on a su pas mal de choses sur les philosophes grecs. En plus, une grande partie de son oeuvre est disponible en ligne => pas d’excuse pour ne pas le lire…

  2. bon travail dans l’ensemble^^
    deux remarques :
    bof le titre
    et tu aurais pu préciser que Jésus que tu décries tant a refué de jouer dans le bac à sable du politique, puisque quand le sanédrin lui demande de l’aider à lutter contre Rome, notamment en appelant à la grève des impots, Jésus leur faite le coup de « rendez à césar ce qui est à césar »… pendant au moins 2 siècles, la religion chrétienne est tout sauf institutionnelle. dire que tu tues Jésus c’est un peu pousser, parce que dans l’affaire lui il a rien fait^^

    • Tu n’aurais pas été prof dans une autre vie ? :o) En effet, ton compliment sonne comme ces phrases qui commencent pas un « bravo », tout en attendant le moment où arrivera l’inévitable « mais »… 😉 Pour autant, venant de toi, je suis fier du compliment.

      Pour le titre : je l’avoue, c’est un pur accès de mégalomanie qui me l’a fait choisir. L’idée d’avoir tué Jésus m’est assez sympathique. Mais je pensais que tu aurais compris : le Jésus que je tue, ça n’est pas le Jésus réel, celui qui a probablement existé. Celui que je crucifie, c’est celui qui a été construit par Paul de Tarse, et par les pères de l’église. Et celui là, devant le mal qu’il a fait durant des siècles, je ne suis pas mécontent de le faire mourir.

      Enfin, je n’ai pas voulu aborder ce qu’il c’est passé durant la vie de Jésus. Parce qu’à mon avis, on n’en sait quasiment rien. Exemples ? Tu imagines Sarkosy apprendre l’arabe, et, alors qu’il était ministre de l’intérieur, qu’il aille tailler une bavette avec un voleur de mobile dans un commissariat ? Et bien étrangement, j’ai tout autant de mal à imaginer Ponce Pilate se mettre à parler araméen, et aller papoter avec Jésus sur l’agora. Mais peut-être me trompe-je, ça n’est qu’une intuition. Tout ça pour dire que ce qu’aurait fait réellement Jésus…

      Mais je suis tout à fait d’accord avec toi : qu’il l’ait réellement fait (ne pas jouer le jeu de la politique) ou pas, ce qui est important, c’est que 3 siècles après, Constantin était persuadé qu’il l’avait fait. Ainsi, Jésus, et par conséquent, le christianisme, apparaissaient comme symboles de l’ordre. Ce qui n’est pas fait pour déplaire aux desseins de cet empereur. Simone Weil (pas celle qui a rallié la cause de Lord Farquaad, mais la philosophe) a écrit un petit texte disant que vu sous un certain angle, l’ordre romain était un embryon de ce que sera plus tard l’hitlérisme. Ce petit texte se trouve dans la première partie du livre « écrits historiques et politiques », qu’on peut trouver facilement sur Internet, par exemple ici. Ca n’est donc pas un hasard si justement, Constantin a choisi le christianisme, religion qui respecte « l’ordre », comme partenaire.

  3. Ton titre est-il un emprunt conscient à « comment j’ai mangé mon père ? » de Lewis (how I (h)ate my father ? ». Si l’emprunt n’est pas conscient, y’a de quoi faire un article …
    Sinon, dans les blagues de Nicée, y’a aussi la divinité de Jésus…
    Sinon, y’a pas que Jésus ni Platon qui sont nés de mère vierge, y’a aussi Mithra, dont la mère fut fertilisée par la Lune (Ô symbole …), et dont la fête était … le 25 décembre !

    • L’emprunt n’est pas conscient (bien que je connaisse le bouquin, je dois même avoir écrit quelque chose dessus). Aussi, tu as raison, je vais devoir m’allonger sur un divan 😉 Quant au 25 décembre, c’était aussi une fête païenne liée au retour des beaux jours en l’honneur de… Mithra, le dieu du soleil, vénéré initialement par Constantin. Comme quoi, tout se boucle.

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