Ayant changé de moteur de site web (je suis passé de BLOG:CMS à NPDS), je me suis mis en quête de remettre en ligne les anciens articles (en tout cas, les plus importants) sur ce nouveau site. Or, sur l’ancien site, j’avais posté deux articles sur la franc-maçonnerie.
Le premier était un article assez provocateur (c’était étudié pour) dont le rôle était de dresser la liste des idées reçues que je me faisais sur la franc-maçonnerie. J’ai posté cet article sur mon site, et aussi sur le forum du site d’une des loges du "Grand Orient De France" (GODF pour les intimes) : la loge "l’eau vive".
J’ai posté le second article quelques jours après ce premier. En effet, après avoir débattu sur le forum avec des francs-maçons et des profanes, ma vision des choses a évolué, et il devenait honnête de publier mes évolutions de pensée.
Ci-dessous, le texte intégral et original de ces deux articles.
Article n° 1 du 17/03/2005 : "Petite dissert’ sur la franc-maçonnerie"
Je suis tombé totalement par hasard sur le site de la loge " l’Eau Vive " (je sous-titre pour les non connaisseurs – pour les profanes – : c’est une loge de la franc-maçonnerie).
Or, sur ce site, il existe des forums où des profanes peuvent débattre sur différents sujets, en rapport avec la franc-maçonnerie. Dès lors, je me dis " chouette " ! Depuis le temps que j’ai des tonnes de questions à poser et de réflexions à faire sur ce courant de pensée… L’occasion est trop belle.
Je me mets à écrire, écrire, et je me rends compte que la longueur du texte (et le nombre de sujets qu’il contient) dépasse les quelques lignes qui constituent généralement un article de forum sur Internet.
Deux solutions s’offrent à moi : soit poser mes questions et lancer des débats au compte-gouttes. Ca risquait de prendre du temps, et les fils de discussion risquaient de ressembler à un fourre-tout difficile à synthétiser. L’autre solution, que je viens d’adopter, était de rédiger un petit essai. Sans ambition, ce texte pourra, je l’espère, faire réagire les francs-maçons, tout comme les profanes.
En préambule, je souhaite vous prévenir que le ton de ce texte risque de vous paraître narcissique. Mais c’est normal. J’y raconte mes questions, mes réflexions, mes façons de voir. Ca n’est pas une [auto/psych]analyse. Ce que je souhaite, c’est avant tout susciter des réactions, et lire vos commentaires, vos réponses, vos opinions. N’hésitez pas à m’envoyer des e-mails, à poster dans les forums.
Autre précision : n’étant pas franc-maçon, je risque d’utiliser certains termes maçonniques (profane, loge, initiation, etc.) à mauvais escient. Merci d’être indulgent si vous êtes initié. Et si vous êtes simple profane, mieux vaut vous cultiver un peu (sur Internet ou ailleurs) pour comprendre ces quelques termes ; sinon, vous risquez vite d’être perdu (je ne les expliquerai pas vraiment).
Pour commencer, vous l’aurez compris, on ne passe pas son temps à écrire un texte sur un sujet qui nous laisse indifférent. Pourquoi ais-je été intrigué, fasciné, et pour autant, pourquoi n’ais-je pas intégré ce courant de pensées ?
Tout d’abord, on est forcément intrigué par ce qu’on ne connaît pas (curiosité oblige). Il est vrai que les francs-maçons ont le chique pour cultiver le secret. Des signes de reconnaissance inconnus, un langage imagé, des rites, symboles et coutumes dont ne sont dévoilés que quelques bribes, juste de quoi attiser notre curiosité… Sans compter que certains textes, articles, livres et romans s’amusent à cultiver (à tort ou à raison) des légendes autour des francs-maçons. Ces derniers y sont parfois liés aux Templiers, parfois sataniques, parfois vus comme des mains de marionnettiste qui tiennent dans l’ombre les ficelles de la société dans laquelle nous vivons…
Malgré ça, difficile (pour moi en tout cas) de rester insensible à l’objectif premier de la franc-maçonnerie. Je ne suis pas initié. Aussi, je dirai peut être une énormité. Mais je crois que l’objectif premier des francs-maçons est d’ " aider l’Homme à devenir plus grand ". Plus sage. Plus ouvert. Plus mûr. En un mot : devenir meilleur.
Avec tous ces secrets, ces rites, et un objectif repris si souvent par les ouvrages ésotériques, on ne peut s’empêcher de se demander si la franc-maçonnerie ne serait pas une secte. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment un jour la réponse à cette question. Les initiés s’en défendent. Ils nous expliquent que beaucoup de choses les différencient. On peut quitter une loge quand on veut. On ne subit alors aucune pression. On ne vous demande pas d’argent (quoi que… j’ai cru lire le contraire quelque part – un pourcentage de votre salaire serait le bienvenu – ; quelqu’un confirme ?). Et on ne vous impose pas d’idée (ici aussi, je reviendrai sur ce sujet). C’est vous qui devrez découvrir votre vérité, votre savoir.
On vous demande juste de revendiquer les valeurs sur lesquelles repose la franc-maçonnerie. J’ai entendu dire que ces valeurs étaient celles des grands bâtisseurs des cathédrales, des architectes du siècle des lumières… On nous parle d’ouverture d’esprit, de soif d’apprendre et d’enseigner, de l’art d’écouter les autres et d’argumenter quand c’est notre heure.
Tout ça " sonne bien ". En toute honnêteté, je suis conquis. Aider l’Homme à devenir meilleur… quelle belle ambition. Si on est curieux. Si on aime, plus ou moins régulièrement, se poser des questions sur des thèmes comme l’origine de l’Homme, son devenir, son savoir, sa faculté de s’organiser en sociétés, son intelligence, l’utilisation qu’il fait de celle-ci pour concevoir des sciences, des techniques. Sur les relations qu’il entretient avec ses congénères, avec son environnement. Si on aime réfléchir sur " comment on fonctionne soit même ", chercher à comprendre comment sont les autres, quels sont leurs schémas de pensées, leurs ambitions, leurs préférences, leurs attirances, leurs peurs. Si on aime prendre de temps en temps du recul face à la vie, à éloigner son nez du guidon dans sa vie quotidienne. Alors, on ne peut pas rester insensible à la franc-maçonnerie. On ne peut pas ne pas être pris de curiosité.
Dès lors, pourquoi ne pas devenir franc-maçon ? Je poserais la question à l’envers : pourquoi le devenir. Les francs-maçons indiquent souvent les même motivations.
Tout d’abord, la fraternité. Ce sentiment d’appartenir à un groupe solidaire. On y est bien, on y est apprécié et reconnu, et on apprécie et reconnaît les autres. On s’entre aide. On laisse les animosités et autres sentiments primaires et animaux au vestiaire.
Seulement, en ce qui me concerne, je n’ai pas la fibre familiale très développée. Je sais, par expérience personnelle ou de visu, que de tels liens, qu’ils soient familiaux, amicaux, ou d’autres natures, ne sont pas construits en acier trempé. En effet, considérant que même chez les francs-maçons, il existe une hiérarchie, je ne vois pas comment empêcher certaines personnes d’être carriéristes, d’avoir des ambitions de pouvoir. On risque alors d’y retrouver les mêmes perversions que dans d’autres modèles : des gens qui calculent leurs relations, leurs prises de parole, etc. Avec comme objectif d’atteindre les hauteurs de la pyramide de la hiérarchie.
Autre coté pervers : il est souvent rapporté que statistiquement, les francs-maçons ont, dans leurs " vie civile ", des postes souvent élevés. Même si chaque loge pourra vous parler de l’exemple de telle ou telle personne qui est ouvrier, ou simple " gratte papier de base ", en général, j’ai plutôt l’idée que les loges sont remplies de gens ayant un niveau d’étude et un niveau hiérarchique professionnel plus élevé que la moyenne. Alors, comment savoir si certaines personnes ne se rapprochent pas de la franc-maçonnerie uniquement pour lier des contacts avec des gens influents, pouvant servir leurs ambitions personnelles ?
Dernier coté vicieux de cette fraternité : si un frère " dérape ", " pète un fusible ", " fait une grosse boulette qui va l’envoyer tout droit en prison " (ça peut toujours arriver, nous ne sommes que des hommes), que doit-on faire ? Le laisser tomber ? Le défendre ? Simplement le soutenir ? Qu’est ce que ces choix peuvent nous amener à faire que nous n’aurions pas fait sans cette notion de fraternité ?
La deuxième raison souvent évoquée pour l’adhésion à une loge, c’est ce besoin de " cogiter en groupe ". Avoir des pensées seul dans son coin, c’est bien. Mais en débattre avec d’autres personnes, ça nous oblige souvent à progresser : on découvre de nouvelles idées, des façons de voir différentes, … Or, dans " la vraie vie ", ce genre de dialogue est difficile. On peut rencontrer des gens butés qui n’acceptent pas d’autres points de vue. Des gens inintéressés par toute discussion un peu philosophique. Et surtout, il faut trouver les moments propices à cette discussion (avec les rythmes de folies que nous avons, la TV, etc., ces moments deviennent rares). Appartenir à une loge, ça nous assure que les autres membres ont déjà fait la démarche d’avoir envie de débattre, de dialoguer, et de respecter des règles qui permettent à chacun de s’exprimer.
Je dois avouer que c’est probablement l’aspect que je trouve le plus intéressant dans la franc-maçonnerie. Encore faut-il être sûr que ce ne soit pas une chimère. En effet, simple question : combien de " vrais " athées appartiennent à une loge maçonnique ? Je parlais tout à l’heure de la liberté de pensée. Oui, on n’est pas tous obligés d’avoir la même religion pour être franc-maçon. Mais si j’ai bien compris différentes lectures, il est par contre difficile de l’être sans croire au minimum au " grand créateur ". Je traduirais ça par " dieu unique ", et " dieu qui n’a peut être pas le pouvoir de tout gérer au quotidien, de tout manipuler, tout contrôler, mais qui au moins, a inventé les règles primordiales qui nous régissent ".
Pour ma part, ma vraie croyance est une tendance à avouer mon ignorance. En effet, il pourrait exister un dieu du style " grand créateur ". Mais alors, pourquoi pas plusieurs ? Ou, plus blasphématoire pour les francs-maçons : pourquoi pas " pas de créateur du tout " ? Dieu n’est-il pas tout simplement une invention de l’Homme ? Les choses ne peuvent-elles pas être, tout simplement. Sans qu’aucune forme ou être supérieur ne les ait créées ? Le fait de penser ainsi m’éloignera-t-il à tout jamais des loges francs-maçonniques (tout commentaire sera bienvenu) ? Bien sûr, on va m’expliquer que ce genre de pensée n’est pas interdite dans les loges. Mais on va aussi m’expliquer que de raisonner en partant de telles hypothèses risque de déboucher sur des idées qui se révèleront incompatibles avec les fondements et rites des loges. Plutôt démago comme raisonnement, non ?
Parmi les raisons qui poussent aussi certaines personnes à être franc-maçon, on retrouve aussi l’idée d’être " entre hommes ". Remarquez : je n’ai pas mis de majuscule à homme. Sous-entendu : à l’écart des femmes. En effet, simple profane qui lit ces lignes : sache qu’a l’origine, les femmes ne pouvaient pas faire partie d’une loge franc-maçonnique. Ni les homosexuels, ni les handicapés d’ailleurs. Les choses ont changé depuis : maintenant, on trouve des loges uniquement féminines, et des loges mixtes. Malgré tout, même si les meurs évoluent, ce sexisme ne démontre par la très revendiquée " ouverture d’esprit ", ni cette faculté qu’auraient les frères à " laisser leurs instincts primaires au vestiaire, et d’élever le débat ". Sans commentaire.
Pour conclure. Vous l’aurez compris : je trouve les idées fondamentales de la franc-maçonnerie très attirantes. Mais dans les faits, j’ai peur que ces ambitions ne restent que des voeux pieux.
Simple exemple : je connais une personne ayant un métier respectable. Et un poste des plus haut placé et respecté dans sa profession. Pourtant, dans la vie de tous les jours, cette personne a tendance à prendre les gens de haut. A être très possessive quant à son savoir (et oui, le savoir, c’est le pouvoir). Bref, très éloignée de l’idée que je me fais de l’altruisme. Aussi, quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre que cette personne était franc-maçon ! Je me faisais une toute autre opinion de ce que pouvait être quelqu’un dont une ambition majeure était de faire grandir l’humanité. D’accord, on peut toujours imaginer que cette personne avait peut-être, en d’autres lieux, à d’autres moments, des façons d’agir plus louables. Mais alors, pourquoi ne pas être ainsi tout le temps ? On peut aussi imaginer que c’était peut-être une brebis galleuse au sein de la loge (et oui, nous ne sommes que des hommes, et dans toute organisation – même chez les francs-maçons -, on peut trouver des gens qui ne respectent rien). Quoi qu’il en soit, si être franc-maçon, c’est lui ressembler, je ne veux pas être initié.
Sauf si j’ai oublié quelque chose ?
Article n° 2 du 30/03/2005 : "Franc-maçonnerie : droit de réponse avec moi-même"
Comme me l’a fait remarquer Herodote dans son commentaire, suite à mon petit laïus sur la franc-maçonnerie, quelques débats se sont déroulés sur les forums de la loge " l’Eau Vive ".
Ces échanges avec des maçons comme avec des profanes, très enrichissants, m’ont permis de trouver quelques réponses (probablement pas toutes) aux questions que je me pose/posais sur la franc-maçonnerie.
Bien entendu, je pourrais maintenant vous refaire un speech, du style " ce que je pensais avant " / " ce que je pense maintenant ". Seulement, ça risquerait d’être un peu long, et de n’intéresser… que moi-même.
Aussi, je pense, cher visiteur qui pourrait atterrir par hasard sur ces quelques lignes, que le mieux, pour comprendre la franc-maçonnerie est :
- soit de lire les ouvrages décrivant ce courant. Je n’ai pas moi-même suivi ce chemin. Aussi, je n’ai pas de référence à proposer. Mais il paraît que toutes les librairies sont remplies de livres sur ce sujet ;
- et/ou, d’en discuter avec les francs-maçons eux même. Pour ce, je suppose que l’idéal est d’en connaître un ou plusieurs. Dans le cas contraire, alors, je vous propose de faire comme moi : aller lire, éventuellement, aller vous présenter et débattre sur les forums du site de la loge déjà citée (je vous donne le lien direct : http://godf-eauvive.org/partagium/Files/).
D’ailleurs, je serais tenté de vous dire que cette dernière solution présente plusieurs avantages. Elle est plus interactive qu’un livre (on peut poser ses propres questions, celles qui nous préoccupent), et on obtient des réponses de la part de francs-maçons, mais aussi, de la part de simples profanes comme nous. Je n’y ai pas trouvé d’opposant, mais tout de même, plusieurs mouvements de pensées s’y expriment.
Mais surtout, nous ne sommes pas dans une relation orale, mais écrite. Ca nous oblige à bien formuler ses idées, et plus important, ça laisse une trace des réponses. Et je dois avouer que parfois, il faut lire plusieurs fois certains posts pour en cerner toute la profondeur. Pas qu’il y ait de message codé. Seulement, certains thèmes ne peuvent se contenter d’une oreille distraite.
Pour conclure, j’ai fait sur ce site des rencontres très enrichissantes, et j’ai dialogué avec des personnes sincères, ouvertes, " philosophes ", et pour autant pas dénuées d’humour. Je ne sais pas si je ferai moi-même la démarche de devenir un jour " initié " (il me reste peut-être à voir si cette voie est celle qui me correspond, ou peut-être, à attendre le bon moment, que je sois suffisamment mûr ou sage), mais en tout cas, je ne fais pas de réaction épidermique à cette idée…