D’actualité…

Inspiré par les événements actuels, par les courriels de Virginie et le blog de nea (qui cite un article de Libé sur la naissance d’un amendement visant à plafonner les frais bancaires), j’ai trouvé de bon ton de ressortir de dessous les fagots le sketch de Coluche : "le syndicat : le délégué". Vous trouverez le texte et le speech ci-dessous (criant d’actualité), à découvrir ou à redécouvrir… surtout la seconde moitié.

Y en a qui s’emmerdent avec du pognon, hein ?
Moi, j’en n’ai pas d’pognon, mais j’me suis bien démerdé…
Bey heuuu, c’est à dire, j’ai trouvé une combine maint’nant. Euh.. j’achète tout à crédit alors, euh…
C’est retenu sur ma paye. Y a des fins de mois, tellement je touche peu que j’sais pas si je bosse !
Par exemple, la je viens de m’acheter une maison de campagne, au bord de la mer !
Ça s’appelle comme ça, je m’excuse ! Je l’ai achetée à crédit, enfin, à côte de crédit… pas loin !
Bon, j’ai pris en Normandie, hein, c’est ce qu’il y a de moins cher comme bord de mer.
C’est pas ce qui fait le plus chaud. Heuuu, on a beaucoup exagéré avec la Normandie !
Moi je vois, j’y suis allé trois fois en Normandie cet été, il a pas neigé une seule fois.
Et puis…euh… le climat est très sain pour celui qui supporte les botes en caoutchouc.
Et puis, le mec qu’est copain avec une grenouille, il l’emmène, elle est contente !
En Normandie il pleut un petit peu, mais en France, il pleut partout un petit peu.
En Normandie, il pleut un petit peu partout….bon !
Alors moi déjà dans la vie, peinard, j’ai acheté une maison Merlin. Voyez ?… Maison Merlin, cage à lapin. Bon !…
J’ai pris un "crédit personnalisé à long terme".
Parce que chez Merlin, c’est le crédit qu’est cher, c’est pas la maison, hein !
Ah ben quand on voit la maison, on dit "C’est pas vrai ? Ça coute pas ce prix là !".
"Ah ben non vieux, c’est le crédit qu’est cher".
"Ah… tu m’as fait peur !".
D’ailleurs, la preuve, c’est quand on a fini de payer le crédit, si on pouvait l’vendre, on se ferait plus de pognon qu’en vendant la maison…
Alors j’ai pris un "crédit personnalisé" : personnalisé, c’est chacun le sien.
"A long terme" : c’est à dire c’est un prêt, de loin…
C’est à dire "moins tu peux payer, plus tu payes".
C’est à dire la formule Merlin, c’est :
"Pendant le crédit, tu répares c’qui s’écroule, et au bout de 15 ans les ruines sont à toi."
Bon alors… euh…
Alors dejà dans la vie, peinard, et alors maintenant au boulot, moi je suis syndiqué hein.
Je suis t’a F.O., Force ouvrière. Gardez vos forces, les ouvrier ! C’est ce qui ya de mieux comme syndicat F.O.
"F.O., c’est un syndicat qui est beau ! F.O., le syndycat qu’il vous faut !"
Parce que F.O. c’est le mieux comme syndicat, je vais vous expliquer pourquoi : c’est le plus petit.
C’est celui qui fait le moins grève… donc, on gagne plus.
Quand on est obligé, on la fait, parce que sans ça, ça se verrait…
Mais c’est toujours nous qu’on reprend le boulot le plus vite, hein !
F.O. c’est un p’tit syndicat qui est sur la corde raide.
Parce que s’il penche trop du côté des ouvriers, les patrons payent plus.
Et puis si il penche trop du côté des patrons, ça va s’voir que c’est eux qui payent…
Et c’est pas l’but d’la manoeuvre.
Bon parce que vous comprenez, les syndicats ils sont un peu dans une situation délicate !
J’vais vous expliquer des fois, on dit "Ouai heuuu, le syndicat est complice du pouvoir !"
Heuuu… Faut savoir déjà que pour 20 millions de travailleurs en France, ya 2 millions de syndiqués.
Alors, faire faire la grève à 18 millions de mecs pas inscrits, c’est pas un problème.
Mais leur faire reprendre le boulot quand les revendications n’ont pas abouties, c’est plus dur déjà.
Tien, en 68, les ouvriers de chez Renault, ils ont dit à Seguy :
"Ben tien, les accords de Grenelle vous avez qu’à vous les tailler en pointe ! Et puis heu…"
Alors lui, il peut pas ! C’est un homme, il est tout rouge, il a dejà autre chose…
Non, je sais pas, je dis ça… ou alors il se maquille avec un gant de crin…
Bon ! Alors si vous voulez… moi, je suis à F.O., je suis délégué syndical.
J’arrive le matin : "Camarades…". Je fais des discours, avec ma gamelle dans l’autre main.
"Camarades, la contestation est née du capital, elle est engendrée par le capital.
Le capital est donc plus important que la contestation,
Car la contestation ne vit pas de ce qu’elle conteste !
Alors que le capital vit de sa contestation !"
Je vais vous rassurer tout de suite : les autres ne comprennent pas non plus !
Mais au moins, ça fait plaisir de savoir qu’on est compris par des mecs qui comprennent des trucs qu’on comprend pas.
Parce que nous on est pas cons, au syndicat. On fait croire qu’on comprend ! On est pas con !
Et puis moi, j’ai repéré un truc : le ton compte beaucoup, et les gestes !
Attendez, j’vais vous l’faire :
"- Camarade !"… les mecs, laaa, bordel…
"- Camarade balayeur, grâce au syndicat et par le truchement du dialogue, tu seras l’égal du patron !"
"Dans le dialogue, hein !"
"Parce que dans le détail, tu seras payé moins puis c’est toi qui balayera la cour !"
"- Ah bon ! J’perds pas mon boulot ?"
"- Non, non."
"- Oh bon, ça va alors !"
Alors, j’suis très bien vu par le patron. Je suis reçu à la campagne, à la chasse :
"Entrez, mon ami ! Asseyez vous, c’est du cuir ! Touchez à mon chien, vous connaissez ma femme ?"
Bon. Ou le contraire. Ça dépend de la taille du chien ! Bon…
On était là comme ça, et qu’est ce qu’il me glisse dans la conversation :
Il m’dit heuuu : "Alors, quand est-ce qu’on arrête la grève ?".
Mais j’lui dis "mais c’est quand vous voulez hein… hey, c’est vous l’patron ! Ca dépend du stock !".
Parce que moi, j’travaille dans une usine heuuu… où que la grêve dépend directement du stock !
C’est pas pour dire du mal hein, c’est parce que c’est l’histoire de France qu’on raconte.
Vous avez par exemple : Lip… Vlan ! Boussac… Vlan !
Manufrance… "Ne m’appelez plus Manufrance ! La France elle m’a laissé tombé !
Et ya Zorro qui va arriver…"
Parce que le maire de Saint Etienne, où ya ManuFrance, c’est un maire communiste.
Il savait pas pourquoi il avait été élu aussi facillement. Et ben, il vient de comprendre là…
Il a fait "Bon sang ! Mais c’est bien sûr !".
Bon, alors, si vous voulez, j’vais vous expliquer.
La société, c’est une chaîne… Salut les maillons !
Bon. La chaîne : vous avez l’état, le patron, le syndicat, l’ouvrier, la police (qui remet tout dans l’ordre).
L’état, le patron, le syndicat, l’ouvrier, la police…
Quand il y a trop d’ouvriers dans la rue qui gueulent pour trouver du boulot, on leur envoie la police, comme ça, ça fait toujours du boulot aux flics.
Par ce que en France, quand ils veulent du boulot, on leur tape sur la gueule maintenant.
"On veut bosser !"
"…Salauds !" Vlaaan.
Bon, c’est nouveau, ça vient de sortir. Bon.
Alors, quand y a trop de mecs dans la rue, l’état dit aux patrons :
"Engagez-moi donc des chômeurs qui font désordre"
Alors l’autre, il engage des chômeurs, bon.
Puis il remplit le stock. Puis ce que déjà il en avait pas besoin des chômeurs, qui yavaient là, dehors.
Puis-ce qu’il arrivait pas à vendre, déjà avant. Alors, le stock est plein.
Quand le stock est plein, qu’est ce qu’il dit le patron: il se tourne vers son partenaire social, qu’est le syndicat, suivez, prenez des notes, je vais pas répéter, et puis il dit :
"Voila mon gars, on va être obligé de débaucher une certaine catégorie de personnel !"
Le syndicat appelle à la grêve :
"- A LA GRÊVE !"
Les ouvriers :
"- Qu’est-ce qu’y dit ?
– C’est la grêve !
– Ben, y viennent d’embaucher !
– Ben, y débauchent !
– Ah bon, ! Salauds ! Le patron, rengagez nos camaraaaades !
– Aie ! (Pan sur la tête)
– Aie ! (Pan sur la tête) Salut Roger ! T’es dans la police maintenant ! Aie !"
Bon. Alors… alors comprenez, parce que la grêve dure des fois trois semaines, des fois même trois semaines, voire même… trois semaines.
Alors, pendant trois semaines, qu’est-ce qu’il fait le patron ?
Il vend ce qu’il a dans son stock ! Puis-ce qu’on a arrêté de fabriquer. Lui, y continue à vendre. C’est toujours ça d’pris, comme disait ma grand mère. Bon.
Alors, au bout d’un moment le stock est vide. Le patron y dit à c’moment là au syndicat :
"Vous avez gagné. Je renbauche tout le monde ! "
Et les ouvriers retournent bosser en chantant :
"On a gagné ! On a gagné !"… "A part les trois semaines… qu’on a perdu !". Bon. Alors…
Bon, évidemment, quand y sont rembauchés, ils sont augmentés. Et d’ailleurs, c’est là qu’est le problème.
Parce que, le patron, il m’l’a dit, il m’a dit : "Vous comprenez, le problème, il est simple. Les ouvriers, ils demandent ça. Bon. On leur donne ça ! Bon. Mais ils le prennent !"
Alors moi j’suis retourné à l’usine, y avait des remous !
"Ouais, euh… on fait la grève trois semaines, on a gagné pta ta ta. Et pis finalement à la fin de l’année on aura perdu du pognon plutôt qu’on en aura gagné !"
J’ai dit : " Camarades !
D’aucuns diront que le syndicalisme est à la société moderne ce que le mercurochrome est à la jambe de bois.
A ceux là je dirai, rappelez vous l’essentiel : camarades,
Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme !
Le syndicalisme, c’est le contraire !".

Fond
musical :

 

 

ColucheLe syndicat, le délégué : A écouter ou réécouter régulièrement…


Commentaire

D’actualité… — 7 commentaires

  1. les crédits vont devenir bientôt ultra mode.
    Pourquoi?
    Parce que plus on a de crédit, plus il faut de fric pour rembourser et donc il faut faire ces fameuses heures sup.
    Et si il ya un max d’heures sup, on va pouvoir réabiliter les 39 heures , ou 40 heures/heb !
    C’est-y pas beau tout çà !

    V.

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