La guerre des gangs : israéliens vs. palestiniens

Il faut que je vous raconte une histoire vraie. J’ai fait le début de mes études jusqu’en maîtrise à Dijon, à la fac de sciences. Et là bas, j’ai vu une chose étrange… Une guerre entre deux gangs d’étudiants en physique. Bon, des gangs civilisés, j’en conviens. Pas de ceux qu’on voit dans les banlieues excentrées, où de mauvais sauvageons brûlent des voitures (mais qui leur en voudrait, on se réchauffe comme on peut par le froid qu’il fait). Mais des gangs tout de même. Impossible de voir des membres de ces deux clans autour de la même table au resto U. Inconcevable de voir les deux équipes monter un programme de cours cohérent et concerté. Non, ils ne se parlaient pas. Les publications de l’un était décriées par l’autre. Lorsqu’un étudiant intégrait un labo pour y faire sa thèse, il devenait automatiquement un ennemi indésirable dans l’autre labo.

La raison de ce conflit ? J’ai eu du mal à la percer… C’est une thésarde qui nous faisait les TP de deuxième année qui avait fini par m’expliquer. Il y a fort fort longtemps, deux étudiants en physique/chimie, copains comme cochons, avaient un peu abusé de liquide à forte teneur éthylique lors d’une soirée. L’histoire a oublié si la discussion a dérapé parce que leur opinion divergeait sur la masse du boson de Higgs, ou si l’un regardait avec trop d’insistance le décolleté de la copine de l’autre… mais il est advenu un moment où les deux compères en sont arrivés à avoir une explication virile et sportive, faisant voler les chaises dans la pièce. Résultat ? Le couple d’amis s’est transformé en frères ennemis, et la notoriété obtenue par chacun lors de leur nomination respective à la tête d’un laboratoire de recherche n’y a rien changé. La suite, vous l’avez devinée. Chaque étudiant affecté dans un des laboratoires était formaté pour apprendre à détester les étudiants de l’autre unité. Ce qui est le plus « drôle », c’est que lorsqu’on m’a raconté cette histoire, un des deux responsables de labo avait quitté l’Université de Bourgogne depuis de nombreuses années, et l’autre avait gagné le titre de Professeur Émérite, et il ne mettait plus souvent les pieds sur le campus. Pourtant, les rancœurs ancestrales perduraient…

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Parce que ce soir, comme je l’ai fait récemment pour les évennements en Géorgie, suite à l’actualité qui se déroule dans la bande de Gaza, j’ai voulu vous décortiquer l’histoire du conflit israélo-palestinien, afin de vous [et de m’]aider à comprendre les tenants et les aboutissants de cette guerre. Comme d’habitude, j’ai fait le tour des sites des journaux ayant pignon sur rue, puis les site des blogueurs de terrain… puis j’ai lu les commentaires postés sur ces billets. Édifiant !!!

Impossible de déterminer la cause exacte de ce conflit. Mais surtout, à lire les commentaires, je peux vous dire que ça n’est pas prêt de s’arrêter. Quel que soit le blog ou le site où je me suis rendu, il suffit qu’un des commentaires soit [même légèrement] partisan pour qu’automatiquement, un internaute de l’autre camp commence à l’insulter, à lui rejeter la faute du conflit, à lui demander des excuses pour porter un tel nom ou utiliser un tel pseudo… et aucun des deux camps ne semble prêt à avoir une lecture mesurée et intègre des faits qui se déroulent là bas.

D’aucuns pourraient penser que c’est dans la nature humaine de ressasser les vieilles rancœurs, et d’attiser la haine par la violence. Pourtant, les ethnologues pourraient vous parler de peuplades qui, à l’instar des Indiens d’Amérique, qui avaient compris le risque d’escalade dans la violence que pouvait engendrer une vendetta. Les plupart des peaux-rouges ne tuaient pas leurs ennemis, préférant leur pourrir la vie, plutôt que de risquer une loi du talion illustrée par un comptage stérile des victimes inutiles.

Ma question du soir : quand on lit ce genre d’article, et quand on lit les commentaires irréfléchis de certains internautes (un exemple parmi d’autres), je me demande pourquoi la sagesse indienne ne prend pas dans ce conflit ? Le niveau de violence est-il devenu trop important pour qu’on puisse s’avouer vaincu et dire qu’il est trop tard ?

download Fond musical : Dire Straits – Brothers in arms

Commentaire

La guerre des gangs : israéliens vs. palestiniens — 4 commentaires

  1. Comme quoi l’éducation est la base de tout : le seul moyen d’obtenir une société non-violente est d’offrir à nos enfants une éducation non-violente. Ca donne du boulot.
    Quant à l’article sur la société indienne, un détail m’a beaucoup perturbé : « Le principal objectif des guerres interindiennes consistait à voler les chevaux de l’ennemi ». A la base, il n’y avait pas de chevaux en Amérique. Ils ont été introduits pas les Européens. On ne peut donc pas dire que l’objectif des guerres était de prendre les chevaux ; de là à remettre en cause tout l’article …

  2. @Fab: Bien sûr que la solution passe par l’éducation… Le souci ici est double. On est arrivé à un niveau de violence assez élevé, et il sera difficile aux jeunes traumatisés de ne pas reproduire ce qu’ils voient, de prendre du recul par rapport à tout ça. Mais surtout, il faut aussi regarder à qui profite le crime… Les protagonistes qui se haïssent ne sont peut-être que les bras armés de gens qui les utilisent pour imposer leur idéologie…

    Quant à l’article, je dois avouer que je ne le connaissais pas. En effet, je savais que les Apaches ne tuaient que rarement leurs ennemis, après l’avoir lu il y a quelque temps dans un article sur [je crois] Science & Avenir. Mais comme il était tard lorsque j’ai écrit mon billet, je n’ai pas eu le courage de dépiler mes vieilles revues pour chercher la référence de l’ethnologue qui a dit ça… j’ai donc googlelisé pour trouver une autre référence (qui vaut ce qu’elle vaut). Mais je ne suis pas étonné d’apprendre que les Hommes peuvent être suffisamment intelligents pour comprendre que la montée graduelle de la violence ne mène nul part. Mais pour qu’il prenne conscience de ça, il faut qu’il sache réfléchir, prendre du recul, et ça passe… par l’éducation. Ben CQFD je crois hein ? 😉

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