Simple hypothèse de travail. Imaginez que vous êtes
esclave ooops pardon, caissièr(e) dans un supermarché quelconque. Et vous décidez d’aller bosser qu’un jour sur dix (dans le meilleur des cas). Que vous arrive-t-il ??? Et bien oui, vous êtes viré(e). Bon, moins grave : vous appuyez sur les touches de votre caisse, et vous vous trompez de bouton. Résultat : viré(e). Vous voulez moins grave encore ? En voyant passer une laitue sur le tapi roulant, vous facturez une scarole. Même résultat : viré(e). Aller, ne pleurez pas. Finalement, vous échangez un boulot de merde où vous vous faites insulter pour le SMIC par 100% de temps libre payé au RMI, ça n’est pas si grave…
Autre hypothèse de travail : vous êtes député, et vous n’assistez qu’à une séance sur dix. Ainsi, le groupe d’opposition peut s’amuser à une partie de cache-cache et sortir de derrière les poteaux pour s’infiltrer dans l’hémicycle à la dernière minute et faire barrage à la loi liberticide que vous êtes censé voter (et qui devait passer les doigts dans le nez, vous êtes dans la majorité [présidentielle], bordel ! Et vous en êtes fier !!!). Autre cas : vous êtes député, et vous n’assumez pas les consignes de vote données par votre groupe parlementaire. Alors, vous vous trompez bêtement de bouton lors du vote (c’est compliqué, il y en a deux, des boutons…). Bon, à ce stade de l’histoire, vous pensez que j’ai un grief contre les députés (pourquoi pas d’ailleurs, quand on voit comment ils dépensent leur argent ?). Alors, regardons l’autre chambre : celle de nos vénérables sénateurs. À leur propos, comme ils ne sont pas élus directement par un peuple supposé idiot, on se dit qu’il doit s’agir d’élites infaillibles. Qu’ils sont présents à chaque séance, et qu’ils ne se plantent pas de bouton ? Si seulement…
Je ne sais pas si vous connaissez une caissière qui a fait les erreurs listées ci-dessus. Mais moi, je connais les députés qui n’étaient pas là le 9 avril pour voter HADOPI. Je connais celui qui, à lui tout seul, a fait pencher la balance lors du vote erroné du 24 octobre à propos de la taxation des banques. Enfin, je connais le nom du sénateur qui, hier, a non seulement voté pour ses petits camarades (qui étaient tous absents), mais qui en plus, s’est planté de bouton (faisant passer l’amendement qui était opposé à la loi qui aurait du passer haut la main elle aussi).
Bon, je vous rassure : il n’y a pas eu de conséquence pour ces pauvres élus. Ils ont toujours leur poste, touchent toujours leurs soldes (notez que j’ai mis un « S » car ils les cumulent), peuvent toujours profiter des privilèges comme une voiture avec chauffeur ou des remboursements de tickets de transport en commun (en 1ère bien sûr). Oufff…
Je pourrais donc dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes finalement ? Et bien non. Parce que malheureusement, comme nous ne sommes pas dans une démocratie, quelques coups de baguettes magiques ont permis de faire tout de même passer ces lois respectivement liberticides, injustes, et de magouilleurs. Et pendant ce temps là, les restos du cœur sonnent la sirène d’alarme, car ils ne savent pas s’ils pourront nourrir notre pauvre caissière limogée (ainsi que ses 999’999 congénères qui arriveront en fin de droit en 2010) pendant tout l’hiver, qui pourrait être long, malgré ce qui se dit à Copenhague…
Nb : heureusement, ce qui me rassure, c’est qu’au parlement européen, les eurodéputés se sentent obligés d’aller voter, sinon, ça se saurait… C’est pathétique, vraiment.
Fô les comprendre, y peuvent pas avoir le don d’ubiquité. Ils ne peuvent pas être à la fois en train de flatter leurs administrés (pardon, leurs électeurs), et à l’assemblée.
Remarque, même si tu n’es pas réélu, tu touches quand même tes indemnités de député pendant plusieurs années. Comme ça, t’as même plus l’obligation morale d’aller voter les lois …