Invictus

Que savais-je de Nelson Mandella ? Avocat au moment de l’apartheid, brimé sous ce régime, il passe une petite trentaine d’année en prison. Il est ensuite élu président, milite pour la paix et la réconciliation dans son pays, ce qui lui vaut un prix Nobel. Heuuu… et je crois que c’est tout ce que je savais.

Le film Invictus (que je suis allé voir avant-hier) raconte un épisode méconnu de la vie de ce grand homme. En 1995, l’Afrique du Sud est le pays organisateur de la coupe du monde de rugby. À un mois du premier coup d’envoi de ce tournoi, les Springboks (je traduis pour les profanes en rugby : c’est le nom de l’équipe d’Afrique du Sud) ne sont pas au mieux de leur forme (il faut dire qu’étant longtemps boycottés, ils manquent de rencontres de haut niveau). Et pire que tout : dans les tribunes, alors que les blancs applaudissent naturellement l’équipe nationale, par opposition, les noirs applaudissent n’importe quelle équipe, du moment que ce ne soit pas la leur. Mandella a beau multiplier les signes de réconciliation (conservation d’anciens fonctionnaires au service du précédent pouvoir, gardes du corps multicolore), il voit bien que les noirs sont en passe de faire subir aux blancs ce que ces derniers leurs ont fait subir pendant des décennies. Comment sortir de ce cercle vicieux ?

Le génie de Madiba (surnom tribal de Mandella) est alors d’essayer de souder tous les citoyens de son pays autour de son équipe de rugby. Il avait compris ce que nous, en France, nous avons pu constater (avec le foot cette fois-ci) en 1998 : dans un pays champions du monde, il n’y a plus de blancs, de noirs, de jaunes… Il n’y a plus qu’un pays (black/blanc/beurre) soudé par l’orgueil autour de son équipe victorieuse. Alors, plutôt que de laisser les nouvelles instances de sa fédération de rugby dissoudre son équipe nationale (le nom de Springboks a failli disparaitre, tout comme les couleurs des maillots qui ont failli être changées), Mandella insistera pour que tout reste en place. Afin que cette équipe emblématique de l’apartheid se transforme en symbole d’une nation de nouveau unie.

La suite on la connait : contre toute attente, le XV du pays organisateur arrivera en finale, et réalisera même l’exploit de vaincre les all-blacks de Nouvelle-Zélande après les prolongations.

Tout ça, c’est l’histoire. Mais qu’en est-il du film (dont le titre est une référence au poème préféré de Mandella, écrit par William Ernest Henley) ? Je ne dirai qu’un mot, ou qu’une seule onomatopée pour être précis : ouuuaaaaaouuuuuuuu !!! Je vous avais déjà expliqué quels faux aprioris j’avais pu avoir sur Clint Eastwood réalisateur avec le film Gran Torino. J’avais déjà été bluffé par cette précédente œuvre ; et là, j’ai tout simplement été scotché. Les puristes ont pu relever quelques imprécisions dans ce film (à propos de quelques détails rugbystiques, ou sur quelques non-dits qui embellissent l’histoire), et certaines scènes sont un peu téléphonées, mais qu’importe. Aidé par un Morgan Freeman criant de réalisme (si je ferme les yeux en pensant à Mandella maintenant, c’est l’image de cet acteur qui m’apparait), Clint Eastwood arrive à nous dépeindre tout l’humanisme de ce président sud africain. Comment, malgré 27 ans d’emprisonnement, de brimades, voire d’horreurs, il aspire malgré tout au pardon, à l’unification fraternelle de son pays. Bref, un long métrage à classer (dans de tous autres genres) à coté du « Cercle des poètes disparus », de la « Ligne verte », d’ « Effroyables jardins », etc. Immanquable donc.

download Fond musical : Bernard Lavilliers – Noir et Blanc

Commentaire

Invictus — 2 commentaires

  1. Tu me donnes envie d’aller voir ce film… merci beaucoup. Echange de bons procédés, je t’invite à aller voir  » l’autre Dumas « …. le jeu des acteurs, et pas seulement celui de Depardieu, est éblouissant !

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