Franck Pavloff : Matin brun

J’ai passé mon après-midi à ranger mon bureau (et oui, ça arrive… gna gna gna), occasion pour moi de me rendre compte que… ooops, il y a moult ouvrages que j’ai lus (et appréciés), et dont je ne vous ai jamais parlé. Premier billet pour rattraper mon erreur donc…

Tout commence lors d’une agréable terrasse avec Charlie. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’il m’explique qu’il a dû faire piquer son chien. Un labrador. Il n’était pas tout jeune certes, mais surtout… il n’était pas brun. Et oui. Comme pour les chats le mois dernier (je connais bien le problème, j’ai moi-même dû fait piquer mon chat de gouttière qui avait la malchance d’être né blanc tacheté de noir), une nouvelle loi venait de passer, visant cette fois-ci à ne posséder que des chiens bruns. Bref, petit à petit, tous les animaux de compagnies devaient tous être bruns, la couleurs des animaux les plus résistant, ceux qui se reproduisaient le mieux, tout en mangeant moins.

Bien sûr, certains journaux mettaient en doute le coté scientifique de ces lois. Et bien, qu’ils soient donc censurés ! Interdits. Seul les « nouvelles brunes » avaient le droit de paraître… Petit à petit, mois après mois, jours après jours, tout devait devenir brun. Par ordre d’état. Vint même le moment où les gens ne furent plus arrêtés non pas parce qu’ils possédaient un objet blanc ou bleu, mais parce qu’ils avaient eu l’outrecuidance de posséder, par le passé, un chat ou un chien de couleur trop éloignée du brun. Quelle idée voyons !

Un quart d’heure. C’est certainement le temps maximum qu’il vous faudra pour lire cette courte nouvelle d’une douzaine de pages, éditée chez Cheyne. Il s’agit, vous l’aurez compris, d’une parabole sur les méfaits du totalitarisme, de la pensée unique… Cette nouvelle m’a rappelé le poème du pasteur Martin Niemoller, déporté à Dachau en 1942 :

Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit, j’étais protestant.

Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester…

download Fond musical : Bernard Lavilliers – Idées noires

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