Fin des subventions du Conseil Régional de Lorraine pour les navettes vers la gare TGV lorraine

Venant de ma Bourgogne natale, lorsque je suis arrivé à Nancy, je n’ai pas tout de suite compris comment lire les horaires des trains. Croisant un préposé à la SNCF à la gare, je lui ai demandé quelle était la signalétique, sur le dépliant, qui permettait de distinguer les trains Corail des TGV. Il m’a regardé croyant que je lui faisais une blague potiche d’étudiant. Lisant la sincérité sur mon visage, visage qui ne présentait pas de signes indiquant que j’avais été enlevé par les extra-terrestres, il a dû se rendre à l’évidence : il était tombé sur un ignare. « Sachez jeune homme », me dit-il, « il n’y a pas encore de TGV dans notre région, et ça n’est pas d’actualité avant longtemps ». Et il avait raison. Ça n’était pas une légende, la rivalité politique Nancy-Metz a fait des ravages (je mets la phrase au passé pour apaiser les esprits, mais je suis sûr qu’elle sévit encore). Amener le TGV, oui. Mais où ? À Nancy ou à Metz ? Qui paierait ?

Je vous fais grâce des détails, mais in fine, malgré une grande polémique et contre toute raison, la gare TGV sera inaugurée en 2007 au milieu de nul part, à mi-chemin de Nancy et de Metz, dans la petite commune de Louvigny. On nous explique alors pour nous convaincre (sans conviction) que de faire pousser les gares au milieu des champs est la règle, que nous ne sommes pas la seule région à avoir trouvé cette solution, et qu’en plus, Louvigny est un bon choix, étant à 7 Km de l’aéroport « international » de Lorraine. Certes. Mais Louvigny souffre d’une lacune de taille : la gare, construite de toute pièce en partant de zéro, n’est reliée à aucun réseau de TER.

Une solution est trouvée : des navettes sont mises en place entre les grandes villes et cette gare. Mais ces navettes sont coûteuses. Leurs rotations dépendent des aléas de la circulation sur les axes Nancy/Metz, déjà bien saturés. Et surtout, elles sont à heures fixes : si le TGV a deux minutes de retard, elles n’attendent pas. Elles partent à l’heure, préférant rouler à vide plutôt que d’attendre les passagers des trains en retard. Il n’est alors pas rare que certaines navettes soient inaccessibles (trop de passagers, ceux provenant des TGV arrivant en retard devant côtoyer ceux des TGV suivants), voire même que les passager des derniers TGV arrivent après le départ de la dernière navette. Résultat : des usagers mécontents, et des navettes qui attirent moins de 20% des usagers des trains (le parkings est par conséquent rempli de véhicules bien sages, inutiles, qui gonflent le trafic des heures de pointes sur l’autoroute déjà bien saturée de camions — mais là c’est un autre problème –).

Conséquence de cette déficience : on a appris la semaine dernière que le Conseil Régional de Lorraine avait décidé de mettre fin à ses subventions pour cette navette. La SNCF (opérateur qui fait circuler les navettes) n’étant pas une entreprise philanthropique, je vois déjà le résultat : obligation de prendre sa voiture (ou le taxi pour les plus riches) pour se rendre à la gare ! C’est ridicule… En fait, en creusant un peu, on se rend compte que cette décision entre dans une stratégie visant à détourner les TGV de Louvigny (qui deviendrait une gare de fret), afin de les faire s’arrêter à Vandières (ville située à 10 Km de l’ancienne gare). Il y a une logique : à Vandières passent des TER. Plus besoin de navettes donc…

Pour résumer : des millions dépensés pour une gare qui ne servira à — presque — plus rien, des usagers par le passé mécontents, forcés aujourd’hui de prendre leurs voitures (ou un taxi) pour aller à Louvigny en attendant que la gare de Vandières soit opérationnelle (ce qui n’est certainement pas demain la veille)… Évidement, tout ça n’est pas la faute des hommes en place hein, c’est la faute des prédessesseurs… Certes, mais il y a vraiment des moments où la(les) politique(ticiens) nous coûte(nt) cher !!!

download Fond musical : Damien Saez – Pilule

Commentaire

Fin des subventions du Conseil Régional de Lorraine pour les navettes vers la gare TGV lorraine — 6 commentaires

  1. la gare de Vandières avait été décidée de longue date, et en première instance. Mais, oui, comme tu le dis, Vandières étant en Meurthe et Moselle, la Moselle n ‘était pas contente ! Résultats des courses, on le connait, ce fut Louvigny qui a été choisi, arguant de la proximité de l’aéroport. Pour autant la gare de Vandières a bel et bien été prévue pour accueillir une gare, et donc elle devrait se faire (j’ai des sources sncf 🙂 quand…. Par ailleurs concernant le côté pratique de l’axe ter, les personnes ne se trouvant pas à proximité d’une gare devront tjrs prendre leur voiture pour relier Vandières, et de plus la gare de Pagny sur Moselle et d’autres peut être, risquent de passer à la trappe… attendons la suite… pour l’heure y’a le 2eme tronçon qui traverse les Vosges et reliera l’Alsace qui est en cours…

    Sérieux Manu, tu pensais que le tgv éxistait en Lorraine lorsque tu es arrivé !!??? Pourtant l’ouverture d’une ligne tgv ne passe pas inaperçue ! Même en Bourgogne tu l’aurais su ! :-))

  2. @marine: ben heu… Le TGV à Dijon, c’était en 1984. Alors quand je suis arrivé en 1994 à Nancy (ville de taille sensiblement identique à Dijon), je dois l’avouer, oui, j’ai eu l’outrecuidance de penser que le TGV passait en Lorraine. Et en Bourgogne, on n’a pas des champs avec plein de vaches qui regardent passer le train, mais des coteaux avec des vignes 😉 Pour le reste, comme tu dis, les questions sont… « quand ? »… et in fine « à quel prix ? »…

    • @matt: VEOLIA ? Mea culpa. Merci poir cette précision, mais ça ne change pas grand chose, VEOLIA n’est pas plus une société philanthrope… 😉

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