Mettez-vous au fond de votre plus confortable fauteuil, détendez-vous, et imaginez cinq minutes que l’on vous remette un petit cadeau exceptionnel : un chèque de 350’000 euros (pour les anciens qui auraient du mal avec les chiffres, ça fait deux millions trois cent trente mille de nos bons vieux francs)…
De quoi passer de bonnes vacances au soleil. Acheter une belle maison. Vous payer la voiture de vos rêves…
Et bien justement, c’est cette dernière qui pourrait permettre aux employés de Esso de toucher un tel pactole. En effet, début février, la société américaine Exxon Mobil (qui est connue chez nous sous l’enseigne Esso) vient d’annoncer son bénéfice net pour 2006 (en hausse de 9% par rapport à ceux de 2005) : 39,5 milliards de dollars (environ 30 milliards d’euros) !
Aussi, si cet argent était tout simplement partagé équitablement entre les 85’000 employés de part le monde, chacun, du PDG au pompiste, toucherait un chèque de prime exceptionnelle de 465’000 $US, soit environ 350’000 €. Ca fait rêver.
Cette information, tous les journaux l’ont reprise. Néanmoins – comme il est peu probable qu’en réalité, chaque employé recevra une belle maison -, il est légitime de se demander comment vont être utilisés ces fonds. Quelques hypothèses :
- construire de nouvelles raffineries ? Voyons, la pénurie de raffinerie fait monter le cours du baril. Il en faut, mais pas trop, ça tue le commerce… ;
- moderniser l’infrastructure d’acheminement pétrolifère ? Même réponse : un oléoduc qui claque de temps en temps, en Alaska ou ailleurs, ça fait monter le prix de l’or noir. Alors pourquoi s’en priver. Moderniser un peu, d’accord. Mais pas trop tout de même… ;
- pousser la recherche et développement de sources d’énergies alternatives ? Pourquoi pas se tirer une balle dans le pied, tuer la poule aux oeufs d’or ! Bon, il est vrai que le pétrole n’est pas une ressource inépuisable ; il faudra avoir les moyens de rebondir le temps venu. Mais seulement le temps venu, nous n’en sommes pas là. Ou alors, ne pas faire de recherche, tout en donnant l’impression d’en faire. Exemple : lancer de grands plans de développement de la filière hydrogène, mais uniquement comme moyen de transport de l’énergie ; pas comme source d’énergie. Et pour le produire cet hydrogène "propre" (ça fait écolo en plus), on fait comment ? Le pétrole bien sûr…
- reste des activités bien plus lucratives, comme soutenir financièrement la campagne d’un candidat barjo qui ira mettre le feu aux puits de pétrole. Comme ça, c’est le double Jack Pot : les puits en flammes et l’inquiétude générée font grimper les cours, et en plus, en se débrouillant bien, on peut mettre des potes à nous pour gérer les puits en question, une fois l’orage passé. Lumineuse comme idée, non ?
Passé cette analyse simpliste, reste que certains aimeraient bien voir fleurir de nouveaux impôts : des taxes sur les gros bénéfices… Voilà qui me semble parfaitement idiot :
- tout d’abord, parce que la largeur d’épaules d’un état fébrile face à une multinationale qui fait près de 40 milliards $ de bénéfices me fait penser que ce premier n’osera pas toucher le second (comme disait Audiard, "quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 s’écrasent") ;
- ensuite, faire rentrer plus d’argent dans les caisses de l’état, soit. Mais pour quoi faire ? Depuis quand le fait d’augmenter le budget de l’état crée-t-il des emplois, ou réduit-il les inégalités ? Si c’est pour construire des sous-marins et autres porte-avions nucléaires, payer des dessous de table pour faire la promotion de la vente de nos frégates à des pays qui ont (à mon avis) bien d’autres choses à faire que de s’armer, ou pour subventionner des emplois précaires (qu’ils s’appellent en leurs temps TUC, ou aujourd’hui CEC), je ne suis pas chaud ;
- enfin, prélever quelques milliards de cette recette ne changera pas le fait que le système actuel permet à des sociétés de devenir insolemment riches, sur le dos de miséreux ;
Désolé, je ne peux reprocher à Exxon Mobil de réaliser ces bénéfices. Les décideurs de cette société ne font que rechercher à "maximiser leur profit", avec les règles économiques (et leurs contraintes induites) existantes. On peut juste leur reprocher d’être bon. Efficace. Depuis quand est-ce un crime ?
Si nous avons honte de telles inégalités, ça n’est pas en montrant du doit ceux qui sont le plus doué, qui ont le plus de talent, que ça changera quelque chose. C’est peut-être, tout simplement, en changeant les règles du jeu. Déconstruire le modèle actuel, pour en mettre un nouveau. Mais nous avons deux handicaps à surmonter avant d’y arriver :
- avec le pouvoir que leur donnent leurs milliards, ces sociétés se laisseront-elles faire ?
- enfin, et c’est le plus triste, déconstruire, oui, mais pour mettre quoi à la place ? Nous manquons d’utopies (ou de doux rêveurs).
Je laisse « La grande Sophie » conclure cet article : << Jane avait Tarzan – quand j’avais dix ans, c’était Superman Batman ou Rahan – Chéquébarha sur nos tee-shirts – aura-t-on de quoi sauver le monde ? Mais quand je me réveille je cherche Popeye, que les temps modernes me rendent Charlot pour me faire rire du pire… Mais où sont les nouveaux héros ? Je n’ai pas de réponses – Je donne ma langue au chat – Vont-ils sortir de l’ombre – Faudra t’il les retrouver, faudra-t-il les inventer… Les nouveaux… Les nouveaux héros ? Martin Luther-King, les grands meetings dans l’antiquité, les dieux sacrés, moi je crois en toi, oui toi… seras-tu un nouveau héros ? Seras-tu le nouveau héros ? >>.
Airbus va licencier 10 000 personnes car à cause du retard de livraison, les actionnaires ont peur pour leur petit porte-feuilles.
Pourtant, pour ces grands chantiers, le retard est un classique mille fois connu mais vraiment connu.
Alors si les employés payent de leur personne (chômage) pour le retard et donc les pénalités à payer, il serai logique et juste que les employés soient récompensés quand bénéfices il y a.
Virginie
notre avionneur européen va licencier 10 000 personnes car à cause du retard de livraison, les actionnaires ont peur pour leur petit porte-feuilles.
Pourtant, pour ces grands chantiers, le retard est un classique mille fois connu mais vraiment connu.
Alors si les employés payent de leur personne (chômage) pour le retard et donc les pénalités à payer, il serai logique et juste que les employés soient récompensés quand bénéfices il y a.
Virginie