Illégal

Tania est russe. Plutôt que de vivre l’enfer dans son pays, elle se brûle le bout des doigts pour ne plus avoir d’empreintes digitales, et elle décide de venir vivre en Belgique avec Ivan, son tout jeune enfant.

Bien des années plus tard, elle est toujours redevable aux mafieux qui lui ont permis ce voyage, et qui lui fournissent contre une part de son maigre salaire de femme de ménage des faux papiers et un logement. Mais finalement, elle semble heureuse… ou plutôt, elle s’aménage des moments de bonheur avec son fils, avec quelques amies.

Mais voilà qu’un jour, lors d’un contrôle inopiné à la sortie du bus, elle se fait arrêter (son fils s’échappe de justesse). Refusant de donner son identité, et son absence d’empreintes digitales aidant, elle n’est pas expulsable (et oui, vers quel pays la renvoyer ?). Elle végétera alors de nombreux mois dans un « camp de rétention », ces prisons qui n’en ont pas le nom, où l’on enferme des gens qui n’ont commis d’autre crime que de fouler le sol d’un pays qui n’est pas le leur. Mais sous la pression policière, elle finira par craquer, et donner son nom. Et là, son passé la rattrapera. En effet, l’enquête de police mettra à jour une demande d’asile politique qu’elle avait faite des années plus tôt en Pologne, demande qui avait été refusée. Résultat : elle se retrouve menottée et transportée de force dans un avion en partance vers la Pologne, pour être jugée dans un pays qu’elle ne connait pas, loin de son adolescent de fils, hébergé (illégalement bien sûr) par une amie.

Ce film est réellement d’une efficacité remarquable. Il démontre tout d’abord l’absurdité de nos lois sur l’immigration. Et aussi, il illustre la façon dont celles-ci sont appliquées. Si certaines personnes de cette machinerie font « simplement leur travail », d’autres essaient de mettre de l’humanité dans ce monde glauque. Et enfin… les multiples passages à tabac, l’absence de soins montre que le système est aussi un bon plan pour les brutes qui cherchent à se défouler sur les étrangers. Le réalisateur a eu une phrase qui illustre parfaitement bien son travail : « Beaucoup de films ont montré ce que ces gens pouvaient endurer pour arriver ou pour rester chez nous. J’ai voulu montrer ce que nous leur faisons endurer pour qu’ils rentrent chez eux« . Ça se passe de commentaire…

Pour épiloguer sur le sujet, je voudrais vous faire part de deux liens que je vous invite à suivre :

  • « L’histoire a montré (en Europe en 1789, 1848 et 1930, au Chili et en Argentine en 1973…) que c’est quand la classe moyenne commence à avoir l’eau qui lui monte sous le menton, elle se tourne vers des solutions autoritaires, cherche des boucs émissaires et sombre dans l’hystérie » [Philippe Boulet-Gercourt – Nouvel Observateur – 28/10/2010]. Bref, un bel article sur les probables mécanismes humains qui font monter les idées extrémistes.
  • Il y aurait six millions d’étrangers en France ? Ils revendiqueraient leur culture, leur langue, leur religion, et ne chercheraient pas à s’intégrer… C’est amusant ça. Alors que dès qu’un groupe de pensée existe en France, il crée une association, édite un journal, fait des écoles. Or, étrangement, il n’y a en France pas un journal de langue étrangère. Pas plus d’école privée de religion autre que catholique (il y aurait 200 élèves dans des écoles musulmanes en tout). Il est où ce lobby des étrangers qui s’appliquerait à nous infiltrer, et qu’on nous agite devant les yeux dès qu’une élection approche, afin de faire monter des idées nationalistes ? Voici un article est bien plus complet que ce que je pourrai vous raconter ici…
download Fond musical : Francis Cabrel – Des hommes pareils

Commentaire

Illégal — 3 commentaires

  1. Je n’ai pas vu ce film. J’ai eu la chance de vivre dans d’autres pays, dont des pays à majorité musulmane, et j’ai souvent constaté une autre ouverture à d’autres cultures. Je ne me suis jamais sentie ‘mal venue’ et j’ai toujours fini par y trouver ma place.

  2. @Firenze : sauf que là, c’est l’inverse. On ne parle pas de nous à l’étranger, mais bien des étrangers qui sont chez nous, et des quotas à la Hortefeux…

  3. Oui, j’avais bien compris. Je mettais cela en parallèle, parce que justement je suis embarrassée de la représentation des étrangers en France, de la façon dont on les reçois, perçois et accueille. On a du chemin à faire dans notre vieille France, voire vieille Europe. C’est pas demain qu’on aura un président de couleur….

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