Le bonheur entre la sphère et la rivière

Suite aux fils de commentaires des précédents billets (notamment ceux en lien avec le marasme économique actuel) est tombée la question : quel monde laisserons-nous à nos enfants ? Pourront-ils y construire leur bonheur ? Assurément oui, c’est possible, quand on voit ceux qui y sont arrivés par le passé, en des temps pourtant bien plus troubles que l’ère actuelle.

J’ai déjà eu l’occasion de le dire ici même : je crois plus en l’hédonisme qu’en l’eudémonisme. Autrement dit, la recherche du plaisir (que tout le monde connais, du moins je l’espère) me semble moins utopique que la recherche du bonheur (concept trop fuyant à mon goût).

Sans en avoir la preuve, j’ai l’intuition que tout le monde n’a pas génétiquement les mêmes chances face au bonheur. Les exemples ne manquent pas de personnes déprimées alors que leur vie pourrait sembler douce (exempte d’accident de santé pour eux comme pour leurs proches, bercée d’un confort matériel, emplie d’amis bienveillants…). Alors que d’autres arriveront toujours à se protéger et se sentir bien, même dans l’adversité. Question de philosophie ? Pas si sûr je pense (mais comme je l’ai dit, ça n’est qu’une intuition).

Quoi qu’il en soit, y a-t-il une recette pour trouver le bonheur ? En s’interrogeant sur cette question, on tombe inlassablement sur les deux grands groupes d’êtres humains : les conservateurs, et les progressistes. Les premiers sont à la recherche d’un idéal. La sphère par exemple. Et oui, quoi de plus beau qu’une sphère ? C’est rond, lisse, symétrique… en un mot, parfait. Alors on construit sa sphère (par exemple : un château avec une princesse/un prince charmant dedans, un chien et des enfants, des voyages ou une bibliothèque bien remplie…). Et quand on s’en approche, surtout, il ne faut plus rien toucher. Des fois que ça soit pire en faisant quelque chose plutôt qu’en ne faisant rien.

Les progressistes eux, ont compris que le monde était dynamique. L’eau qui coule dans la rivière aujourd’hui n’est pas celle qui coulait hier. D’ailleurs, hier rivière, le cours d’eau n’est peut-être aujourd’hui qu’un ru, avant de devenir torrent demain. Il faut savoir s’adapter, rechercher la sphère hier pour mieux se rendre compte que le cube sera demain mieux adapté.

Qui a raison et qui a tord ? Les premiers diront que le mieux est l’ennemi du bien. Les seconds diront qu’à force de ne rien faire, on passe à coté de sa vie… Chacun peut avoir son avis sur la question. Mais dans le fond, qui peut avoir l’assurance d’avoir raison ?

Face à cet aveu d’ignorance, que dire à nos chères têtes blondes ? Doit-on leur apprendre à inventer leur utopie et tendre vers elle, ou bien doit-on leur apprendre à naviguer dans toute forme de courant, pour qu’ils soient bien dans leurs baskets en toutes circonstances ? Peut-être un peu les deux mon capitaine.

Mais nonobstant le fait que ce billet pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses, qu’on aie fois ou pas en l’humanité, une chose me semble évidente : quelles que soient les critiques portées à la pyramide de Maslow, il sera toujours plus facile de se sentir bien quand on a chaud, à manger, et un toit sur la tête qu’en ayant froid et peur, le ventre vide. Aussi, si on pouvait éviter de laisser à nos descendants un monde où toutes les ressources énergétiques et les matières premières seraient épuisées, et un système économique les obligeant à rembourser nos dettes sur plusieurs générations… ça ne serait pas plus mal.

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Commentaire

Le bonheur entre la sphère et la rivière — 8 commentaires

  1. On a encore une chance, abandonner le système économique de marchés pour un système économique basé sur les ressources naturelles de la planète.

    Je ne pense pas que le bonheur n’a pas de prédisposition génétique… L’être humain n’est que le reflet de son environnement.

    A voir absolument si tu ne l’as pas vu:
    http://www.zeitgeist-lefilm.com/movingforward

    Cordialement,

    Horus

  2. @horus: Avant tout je tiens à vous remercier car en publiant un lien vers Zeitgeist vous éclairez certaines choses qui demeuraient abstraites en mon esprit .En effet j ‘ai un ami allemand qui a une société de ce nom « Zeitgeist », parlant un peu l ‘allemand j’ai traduis bêtement et je ne comprenais toujours pas pourquoi il avait choisi ce nom pour son concept de déco et d’ambiance de l’habitat . Il me disais tjs un jour on prendra notre temps et nous visionnerons ce film ensemble et tu comprendras … je n ai pas tout vu encore car ce soir la fatigue me gagne ms merci pour le lien , je vais le regarder et je ne manquerais pas de communiquer mes impressions. Vielleicht würde ich auch ein Zeitgeisterin 😉

    @Manu : Voilà un billet qui me rappelle un commentaire sous une photo « remplie-pleine » de pixels 😉
    Avant tout sache que j’adhère globalement à tout ce que tu écris , mais j ‘ai un petit côté pinailleur qui m’a fait réfléchir sur ma position face au bonheur et face au plaisir .Tu connais ma « bavardise » j’ai pas pu m ’empêcher de venir coucher ici mes réflexions.
    J ai passé un peu de tps derrière mon pc là.. puis à aller à ma bibliothèque ,à bouquiner etc… lire qqs citations , à comprendre et rechcher et je suis arrivée à … oups j allais dire : je suis arrivée à la conclusion  suivante , mais non !
    Je n’aime pas les conclusions car souvent elles annoncent la fin d’une idée , alors que là j ai avancé dans mes pensées mais je n’ai pas arrêté une idée bien définie ! ouf cela me réjouit ,parce qu’avoir des idées arrêtées sur la conception du bonheur et du plaisir c’est un peu triste je pense 😉

    Alors:
    L’hédonisme , voilà un bien beau courant philosophique … je le commentais il y a qqs tps sous un autre de tes billets , on m ‘a insulté d’hédoniste un jour , j ‘ai bcp aimé ! Mais le suis je vraiment ? Est ce que ma vie se résume à la maxime de Chamfort (bien souvent citée par Onfray ) :
    « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale »
    Bien en fait : oui mais non . Même si je la lis et la relis la quête de la jouissance: ok , le don de la jouissance: ok …mais comment peut on prétendre atteindre ce but sans jamais faire de mal à personne ? À moins de considérer juste le moment , et ne vivre qu’au présent? alors oui je peux concevoir et même adhérer .
    Mais ce soir je me dis que réussir à être et se dire hédoniste c’est une sacrée discipline.
    Et dans le fond je ne l’ai pas ! Oui j’aime l’idée vraiment! mais avec le temps je sais que je ne suis pas de ceux qui peuvent faire jouir sans faire souffrir , la vie est bien trop complexe pour cela et mes choix seraient bien trop dirigés .J’aime les liens entre les gens et je les aime à longue durée et cette idée est incompatible avec l’hédonisme du moins je n’ai pas la capacité ou la naïveté de le concevoir .Le plaisir oui mais en pointillé , c’est pas mon truc .

    Concernant l’eudémonisme , le bonheur serait donc le but premier de la vie? j avoue j’aime assez l’idée mais pareil que l’hédonisme je ne suis pas assez naïve pour penser que cela m ‘est accessible .

    Comme je le relatais dans mon commentaire sous ton avant dernier billet:
    ma Maman nous dit toujours : « les enfants doivent une seule chose à leur parents c est d’être heureux »
    ben oui je trouve qu’elle a raison mais je pourrais rajouter une dose d’hédonisme à cela ,en évoquant la quête du plaisir sans nuire à autrui ! Bien sûr ! Tu me diras tu mélange tout là … non je dis juste qu’on ne peut pas (ou plus) dans notre société mettre des barrières si précises au bonheur et au plaisir!
    Pourquoi ne pourrait on pas être heureux aujourd’hui dans ce monde là ? Pourquoi nos enfants ne le seraient ils pas dans le leur ?
    Parce qu’il y a la crise ? La guerre ? La faim ? La mort ? La maladie ? La pollution?
    Ils en auront aussi des saloperies du genre je m ‘inquiète pas …
    Mais j’espère que ça ne les empêchera pas de vivre ou si oui j’espère leur donner assez de verve et de courage pour aller se battre et militer ! Je te rejoins donc dans cette idée qu’il faut leur apprendre à s’adapter . Tout n’est pas noir ou blanc ce serait trop facile !
    Mais je voudrais que peu importe leur choix dans la vie ,qu’ils soient heureux !
    Car je le suis! Oui je suis heureuse dans ma vie , et je le suis en étant consciente de la crise ,de la guerre ,des problèmes divers et variés dans le monde qui m’entoure …voire même de mes pbs personnels ( argent , travail, santé , sentiments, ..)
    Mon bonheur est un état d’esprit , une ligne de vie … et comme Camus je n ai pas honte de préférer le bonheur car sans dénigrer le plaisir il a l’avantage de durer … cela dépend juste de ce que l’on met derrière … Le bonheur peut être simplement de se contenter de la vie telle qu elle est …
    oui c est sans doute plus facile qd on a pas sa vie en danger , oui , ok !
    Et ça change quoi là à ma vie de me dire ça ?
    Alors je peux sembler égoïste mais je préfère être réaliste car de là où je suis , de là où je vis, je n’ai pas d’action sur ces horreurs .
    Non car je n ‘ai pas fait ce choix : je n ‘ai pas choisi de me battre , pour des causes humanitaires ou politiques j’ai choisi d’être une femme , une mère ….
    et que me reste t il comme champ d’action contre les injustices qui m’entourent? Ben à part voter , militer un peu , ouvrir ma gu… sur le net et autour de moi ,soyons réaliste : je n’ai pas gd chose .
    Oui c’est un choix , oui ça peut gêner , ça peut choquer et oui on peut me montrer du doigt , mais si vous le faite montrez moi comment dans vos vies vous pouvez agir ? Ensembles ? Oui bien sûr , ms je sais que trop à quel point le militantisme a besoin de tps et du tps , comme tous les parents qui bossent qui ont une baraque à payer etc… j’en ai que très peu.
    Alors je prend le monde tel qu’il est ! Avec comme tu le décris : des ressources énergétiques et des matières premières bientôt épuisées, et un système économique obligeant nos enfants à rembourser nos dettes etc….Parce que moi Rachel dans ma vie je suis impuissante face à tout cela , j ‘ai beau crier et hurler pourquoi m’écouterait on ?
    Attention je ne dis pas qu’il ne faut plus crier et prendre la vie avec défaitisme!
    Car même si mon constat est pessimiste : je ne me laisserai pas abattre je continuerai à regarder et à prendre conscience du monde dans lequel je vis , et je continuerais à crier , à véhiculer ma révolte pour secouer les consciences car c est en moi .
    Mais j’ai la clairvoyance de savoir qu’à qq part , je n’y changerai rien car mes choix de vie ne me le permettent pas .
    Donc: je prend la vie comme elle est , et j’ essaie de profiter un max , parce qu une chose est sure c est qu elle dure pas longtps …

    Je ne prétend pas détenir la vérité pire encore je ne sais pas si mes pensées resteront ainsi ,mais merci Manu ton billet m’a permis de prendre plus précisément conscience de ma relation avec le plaisir , le bonheur et ce qu’ils représentent dans ma vie et le message que je veux transmettre .

  3. le bonheur pour moi, c’est aussi « le sentiment d’avoir fait tout ce qu’on pouvait » être en accord avec soi même, être juste, vrai…

  4. @Horus Zeitgeister: merci++ pour cette vision et pour le lien. 2h40 la vidéo tout de même… J’en ai regardé les 2/3, elle m’inspire beaucoup, et je pense que je lui réserverai un (voire plusieurs) billets à part entière pour continuer la discussion. Une chose tout de même : j’ai toujours une petite méfiance pour ceux qui prônent le bien de la communauté au delà du bien individuel. C’est pour ça que bien qu’ayant un cœur de gauchiste, j’ai toujours du mal avec les formes les plus extrêmes du communisme. L’homme n’est intrinsèquement pas assez altruiste pour préférer le bien de la communauté à son propre bien. Maintenant, je suis 1000 fois d’accord avec d’autres idées du film, comme l’inutilité totale des prisons, à de rares exceptions près (il y aura toujours des fous dangereux, mais que représentent-ils dans la population ?). Plutôt que d’avoir une vision curative de la délinquance, inventons un monde où celle-ci n’aura pas de sens…

    @Rachel: tout à fait raison. L’hédonisme, c’est : faire plaisir (à soit et aux autres), et surtout ne pas nuire… Quelle utopie en effet. Sachant que le bonheur des uns est le malheur des autres, je dirais plutôt « nuire le moins possible »… C’est déjà ça. Quant au fait d’être le premier à râler et pourtant, à rester dans son fauteuil, je connais bien le problème, j’en suis un des multiples exemples. On agit à notre échelle, mais tellement peu…

    @martine: en fait, comme je l’ai dit, je trouve le bonheur fuyant. La notion intègre une forme de plénitude, et de « ne touchons rien ça y est là tout est parfait » qui me semble irréaliste. Pour ta définition du bonheur, chaque mot pourrait amener à des discussions sans fin 😉 Être en accord avec soit-même : je ne sais pas si ça rentre dans la définition du bonheur, mai oui, c’est indispensable. Capital même si on veut être bien dans ses baskets, je suis bien d’accord (même s’il faut aussi savoir accepter que l’homme doit vivre avec ses contradictions : je cite toujours le même exemple, bien qu’acceptant qu’on soit un prédateur, je suis contre la souffrance animale, et pourtant, j’aime bien un bon foie gras 😉 ). Être juste… oui, ça nous ramène à la notion de justice, qui est bien fluctuante et n’a rien d’universelle. Le bien, le mal, le juste, l’injuste… ça change tellement selon les cultures et les époques… Je leur préfère (une fois encore) les notions de bon et de mauvais. Être bon avec quelqu’un, lui « donner du baume au cœur »… voilà qui que cause. Merci pour ta venue et tes commentaires 🙂

  5. je crois qu’il n’y a pas Le Bonheur, mais des moments de joie, de plaisir. Le bonheur est un concept un peu abstrait et utopiste selon moi. Mais il est vrai qu’ils, bonheur , plaisir, sont étroitement liés. Dur de parler de l’un sans parler de l’autre. Dur de dissocier! Les plaisirs simples ( partager un bon repas, voir un film sympa, lire, rire avec ses enfants, découvrir, apprendre, rencontrer de gens intéressants, manger des M&M’s 🙂 etc …) Mais il y a des moments de purs bonheur dans la vie, être avec son amoureux et partager ensemble ces petits moments de plaisirs, prendre le temps de s’aimer, donner son temps…oupss je m’égare :-), mais que serait la vie sans l’amour ? ceci est un autre sujet ! Mais amour et bonheur se conjugue bien aussi !
    nb- j’adore pink

  6. @marine: si bonheur et plaisir peuvent être liés, ils ne sont pas équivalents. Effectivement, atteindre des moments de bonheur en usant de plaisir, d’amour, et de tous les sentiments positifs et exaltants est possible. Mais réaliser, même fréquemment, ces moments de bonheur nous permet-il de dire que nous vivons heureux ? Pas si sûr… Moi aussi j’adore Pink, alors levons nos verres à sa santé 😉

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