Catégorie : Livres/revues

Le maître des noms – Josef LADIK

Avant toute chose, sachez que ce roman est le primer livre de l’auteur (qui exerce le métier de juge d’instruction par ailleurs). Et je ne dis pas ça pour lui chercher une excuse… bien au contraire. Je serais presque plutôt tenté de crier au génie. Bon, je me débarrasse tout de suite du petit reproche : l’éditeur (First). D’habitude, je ne m’attarde jamais sur la forme (je me fiche de lire un livre en édition de poche ou en reliure cuir). Mais là… fautes de frappe, erreurs typographiques, polices qui changent de taille d’un coup… Ça fait drôle. Bon aller, coté reproche, ça, c’est fait ! Car pour le reste… Ce roman de 442 pages est classé dans la catégorie « thriller ». Et ça ne lui rend pas hommage, c’est bien plus que ça ! Il contient beaucoup beaucoup plus que ce qu’annonce la quatrième de couverture, c’est un vrai cadeau. Avant tout, c’est un univers d’anticipation très orwellien (l’histoire se...

Le journal de mon père – Jirô TANIGUCHI

Ça fait quelques temps que j’ai terminé ce manga, et que je voulais vous en parler. En fait, il faut comprendre que le manga n’est pas pour moi un univers naturel. Aucune répulsion par rapport à ce style, et encore moins un manque de curiosité, bien au contraire. Seulement, je ne connaissais pas, et je n’ai jamais vraiment été initié. Je ne savais pas par où commencer… Or, lors d’une de nos réunions d’atelier de vie de quartier, nous avions reçu quelques membres bien sympathiques de l’association kuwabara, qui regroupe des fans du genre sur Nancy. Nous leur avons demandé de nous parler de leur passion, et très vite, ils nous ont communiqué l’envie de nous y mettre, et nous ont donné quelques pointeurs pour nous initier à l’art dessiné par les mangakas. Le journal de mon père est un de ces pointeurs. L’édition originale était en 3 tomes. Celle que j’ai eu entre les mains a du être faite...

Ma vie est tout à fait fascinante

Mais non, pas la mienne ! Celle de Pénélope Bagieu. Quoi, vous ne connaissez pas Pénélope Bagieu ? Là, vous exagérez, je vous en ai déjà parlé, et je lui ai même déjà piqué une illustration : c’est elle qui dessine le blog ma vie est tout à fait fascinante (blog qui s’appelait avant Pénélope Jolicoeur). Ya même un bouquin qui était sorti l’année dernière, dont elle est la source d’inspiration. Bref, on retrouve dans ce recueil de 94 pages une grande partie de planches déjà visibles sur son blog, et quelques inédits. Que vous connaissiez ou pas son blog, allez-y, lisez ce bouquin : vous allez vous poiler quelques minutes (trop peu à mon goût ; en effet, c’est le reproche que je ferai à ce livre, trop court, on en redemande). Bref, ce livre est une compilation de planches d’une pages ou deux, qui sont des clichés de la vie de Pénélope, qui est emblématique de l’idée reçue...

Anna Gavalda – Je l’aimais

Voilà bien un livre que j’ai pris par défaut, parce que je ne trouvais rien d’autre à l’époque où je l’ai acheté, et qui se révèle être un excellent choix. Chloé est malheureuse. Adrien, son mari vient de la plaquer, pour s’envoler avec sa maîtresse, la laissant avec leurs deux enfants. Le salop hein ? Et pour couronner le tout, c’est son beau père qui l’emmène passer quelques jours dans une maison de campagne isolée avec les deux enfants, en plein hiver, pour tenter de la consoler, pour qu’elle se reconstruise. Un beau père emblématique de ce qu’on déteste certainement tous : le patriarche par excellence, acariâtre, suffisant, pour qui ce qu’on fait n’est jamais parfait, et qui ne dit jamais plus de deux mots d’affiliée, et encore, les bons jours… Un vieux con en somme. Seulement voilà. Au coin du feu, petit à petit, le vieux con va dire quelques mots. Petit à petit, il va parler. Oh, rien...

Françoise Sagan : « Avec mon meilleur souvenir » & « Derrière l’épaule »

Comme voulu, pour continuer dans ma série Sagan, je viens de boulimer (néologisme personnel qui signifie gloutonner avec boulimie, gloutonner étant un néologisme personnel…) deux livres singuliers de Françoise Sagan, oeuvres qui ne sont ni un roman, ni une pièce de théâtre. « Avec mon meilleur souvenir » est un livre publié en 1985, où elle parle de ses rencontres avec des êtres qui lui ont été chers. Êtres qui peuvent être des personnes réelles (Billie Holiday, Orson Welles, Rudolf Noureev, Jean-Paul Sartre) ou morales (on dirait plutôt virtuelles de nos jours), comme le jeu, la vitesse, le théâtre, la ville de Saint-Tropez… et tant d’autres. « Derrière l’épaule » est un livre écrit près d’une quinzaine d’années plus tard. Il prend la forme d’un essai où « la Sagan » s’est obligée (plutôt mal gré en croire ce qu’elle écrit) à relire sa bibliographie (les romans uniquement) dans l’ordre chronologique, et à commenter chacun d’entre eux. Elle nous donne un oeil critique sur...

Françoise Sagan – Bonjour tristesse

Après avoir vu le film bibliographique sur Françoise Sagan, j’ai eu envie de relire son oeuvre, ou tout au moins, une partie. Et, en tout bien tout honneur, j’ai commencé par le roman qui l’a fait découvrir. Et là, je dois avouer que pendant les 3/4 du bouquin, je me suis demandé ce qui lui avait valu une telle révélation. Bon sang, cette histoire aurait été une nouvelle de 15 pages, 30 tout au plus, d’accord. Mais 150, c’est 5 fois trop. Vous l’aurez compris, le style traîne en longueuuuur. L’histoire n’est pas mauvaise, mais sans surprise (sauf pour la fin, éventuellement). Alors ? Pour comprendre, je pense qu’il faut remettre ce livre dans son contexte. Il a été publié en 1954 (époque puritaine, où l’on publiait encore des livres sur l’art d’être une femme au foyer parfaite), par une demoiselle de bonne famille de 17 ans. L’histoire parle d’amour, démontre quelques talents d’introspection, dans un univers de jetseters qui...

L’élégance du hérisson – Muriel Barbery

Je vous résume la 4ème de couv’ : Renée Michel est concierge dans un immeuble parisien très chic. Une concierge emblématique, d’apparence rustre et de peu d’esprit. Dans cet immeuble vit une demoiselle de 12 ans et demi, Paloma Josse, jeunette déjà désabusée par le monde sur lequel elle porte une analyse froide, qui a décidé une chose : à la fin de l’année scolaire, elle va se suicider, et mettre le feu à son appartement. Seulement, derrière l’apparence simple et stéréotypée de la concierge se cache une personne autodidacte très riche, plus instruite et lumineuse que bien des pensionnaires (pourtant riches et de haute société) qui habitent l’immeuble. Mais à cause de son éducation, faite dans une famille modeste au milieu d’un village retiré du monde, où il est enseigné que chaque sujet doit rester à sa place dans la classe sociale qui est la sienne, mais aussi, à cause d’un accident qui est arrivé à sa soeur, cette...

Amélie NOTHOMB – Journal d’Hirondelle

Après avoir lu un pavé, voici un tout petit livre de 90 pages, qui se lit en une soirée, deux tout au plus. Je ne connaissais d’Amélie Nothomb que ses premiers livres, plutôt autobiographiques. Mais là, c’est un vrai roman dont il s’agit. Enfin, plutôt un ovni, tant l’histoire est si peu banale, voire kafkaïenne. Le narrateur, suite à un chagrin d’amour, a cherché à ne plus éprouver aucun sentiment. Films, musiques, … plus rien ne le touchait, plus rien ne lui faisait éprouver quoi que ce soit. Il en était ravi. Enfin, les premiers mois… Seulement, quand il a voulu remettre en marche ses émotions : ça n’a pas fonctionné. Jusqu’à ce qu’il découvre une musique de Radiohead (Pulk/pull Revolving Doors de l’album Amnesiac). Ça ne ressemblait à rien de ce qu’il avait déjà écouté, et à cause de ça, il a éprouvé à nouveau du plaisir. Et ça marchait pour tous ses sens : odeurs, vision, goût… tout...

Le livre de l’air et des ombres – Michael Gruber

Voici un roman assez long (500 pages) dont le contenu et l’articulation sont plutôt bien construits. Un livre qui nous conte l’Histoire, des histoires, qui nous instruit sur les livres, sur la littérature, sur la science du chiffrement… Un livre qui commence par une technique littéraire agréable et haletante, où s’alternent trois récits, aux styles d’écritures très différents. C’est l’histoire de Jake Mishkin tout d’abord. Un avocat new-yorkais (il commence déjà mal dans mon estime) spécialisé dans la propriété intellectuelle (voilà qui ne va pas en s’améliorant). Il vous raconte son historie, des fragments de sa vie, alors qu’il est dans un chalet isolé, alors qu’il semblé traqué, alors qu’il attend… qui donc ? Des gangsters ? C’est l’histoire du jeune Albert Crosetti, qui travaille dans une librairie d’ouvrages anciens. Plus fan de cinéma que de vieux papiers, sa vie va changer lorsque, suite à un incendie mineur, il ira démonter la couverture d’un vieux livre abîmé chez sa collègue...

La mémoire fantôme – Franck THILLIEZ

Voici un livre qui pourrait bien servir de base pour le scénario du prochain feuilleton de l’été à la TV… Focus sur ce polar que je viens de terminer. Concernant Franck Thilliez, je ne pourrai pas dire grand chose : c’est le premier titre que je lis de lui. Donc, je peux juste vous indiquer ce qu’on trouve sur Internet : il a la trentaine, quand il n’écrit pas, il est ingénieur informaticien (personne n’est parfait 😉 ), et je crois qu’il a eu le "prix polar SNCF" pour le roman "la chambre des morts". Coté style : il utilise très habilement les grosses ficelles du genre : chapitres qui se terminent en laissant le lecteur sur sa faim, entrecoupés de chapitres racontant un fil de l’histoire vue du criminel -ou pas- (sans qu’on sache qui il s’agit), personnages attachants, intrigants, qui cachent quelques secrets datant de leur enfance, secrets qui titillent notre curiosité… Ajoutez à ça quelques énigmes mathématiques,...